L'envolée des prix des produits carnés frais observée sur les étals du commerce du détail ces dernières semaines et plus particulièrement en cette veille du mois de Ramadhan relève plus de l'incompréhensible. D'un marché qui devrait être excédentaire cette année de par les importantes pluies qui se sont abattues sur l'ensemble des wilayas steppiques, grandes productrices de viande ovine et la chute des cours mondiaux du maïs et du soja, deux aliments essentiels pour l'alimentation du poulet de chair, sur le plan de l'offre c'est tout le contraire. C'est dire qu'au moment où l'offre devait s'afficher en hausse, sur le terrain on assiste à l'effet inverse. Mais comme dit l'adage, il n'y a pas de fumée sans feu, dès lors qu'il faut croire que c'est encore les spéculateurs qui ne ratent aucune occasion pour imposer leur loi. Un diktat des plus contraignants pour les ménages ces temps-ci, dans la mesure où les prix des viandes rouge et banche ont grimpé subitement. Une contrainte encore plus sévère cette année car l'alternative de se rabattre sur les viandes n'aura pas lieu suite à la dernière augmentation de la TVA sur les viandes importées. Majoration de 60 DA le kilogramme. Autre particularité de cette année : en l'espace d'un mois, les prix du mouton, du bœuf et du poulet ont atteint des sommets jamais égalés. Rappelons par ailleurs que cette hausse ne reste pas circonscrite exclusivement aux revendeurs de détail. En effet, selon des acteurs dans le circuit de la commercialisation de viande fraîche, cette hausse des prix est soutenue au niveau des abattoirs par la spéculation des maquignons. D'après ces derniers si l'on prend le cas de l'abattoir du Pont des Fusillés, situé au Ruisseau, considéré comme le plus important de la région centre, l'arrivée de moutons sur ce site est de plus en plus importante. Cela serait dû, selon un responsables des lieux, au fait qu'une grande partie des éleveurs ont préféré garder leur cheptel, «car les zones de pâturage sont assez denses en herbe suite à la bonne année pluviométrique», nous a expliqué notre source et de nous faire savoir dans la foulée que cette stratégie adoptée par les éleveurs a pour but d'augmenter le poids des bêtes, c'est à dire en tirer un meilleur profit sans dépenses. En clair une grande partie du cheptel ovin et bovin prêt pour l'abattage, est resté sur place et rendu possible par la baisse des prix du foin et des autres aliments entrant dans le cadre de l'engraissement des bovins et ovins. En privant ainsi le marché de quantités suffisantes de viande rouge fraîche cela a donné libre cours à la surenchère, dûment orchestrée par des maquignons véreux. Du côté du marché de la viande blanche la spéculation est aussi au rendez-vous et là encore ses effets sont perceptibles. A la question de savoir pourquoi les prix du poulet sont aussi élevés ces derniers jours, malgré que les prix des aliments soient raisonnables, des aviculteurs expliquent cette hausse par l'effet de la météo. Selon ces derniers, les grandes chaleurs qui ont débuté au mois de juin ont obligé les aviculteurs à faire l'impasse, c'est-à-dire ont préféré laisser vides leurs batteries sachant pertinemment que le poulet de chair est très vulnérable à la chaleur, pour éviter de s'exposer à un trop grand pourcentage de mortalité des poules, ce qui se répercuterait directement sur la rentabilité de leur activité. Devant ces situations de crise à répétition sur le produit carné, l'idée de réguler le marché de la viande rouge et banche comme cela a été le cas pour la pomme de terre par le biais du Syrpalac est une expérience à tenter si l'on veut que les prix de la viande soient abordables et de façon régulière par une grande frange de la population. Z. A.