«La réforme des systèmes bancaire et financier doit se poursuivre pour les moderniser et en accroître l'efficacité.» Ce sont là les propos du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, lors de la réunion d'évaluation consacrée au secteur des finances. Il est admis, en fait, que le secteur financier, à l'instar de tous les autres créneaux de l'économie, a connu un retard énorme, notamment durant les années 1990. Ce retard a été rattrapé après la mise en place d'une série de réformes à tous les niveaux. Dans son évaluation, la Banque mondiale avait estimé que ces réformes financières sont sur la bonne voie mais cette institution a recommandé d'accélérer le processus. Depuis l'année dernière, faut-il préciser, les donnes ont changé. La crise financière, qui n'était qu'une chimère pour les économies du Sud, est devenue une menace réelle. Donc, outre l'amélioration de la qualité des services proposés par les institutions financières, le défi aujourd'hui est aussi de concevoir un système solide capable d'amortir, à moyen et à long terme les multiples chocs externes. Sur ce point, le premier argentier du pays a expliqué que, malgré les aléas liés à la conjoncture internationale, «les mesures décidées par le chef de l'Etat au cours de cette décennie, permettent aujourd'hui au pays d'affronter la situation avec sérénité et de poursuivre son intense rythme de développement grâce à l'épargne publique accumulée». Faire face aux chocs externes et financer l'économie nationale Il en a été ainsi, explicite le ministre, du remboursement anticipé de la dette extérieure pour 16 milliards de dollars, de l'arrêt du recours aux emprunts extérieurs, et des différentes mesures destinées à freiner la flambée des importations et à accélérer les transferts de capitaux. Ces mesures, cumulées avec les recettes engrangées ces dernières années, ont doté le pays d'une sécurité financière extérieure permettant d'amortir les conséquences de la récession économique mondiale. De la même manière, la création du Fonds de régulation des recettes, ainsi que l'importante réduction de la dette publique interne permettent au Trésor public, en cette transition difficile, de faire face à la situation et de poursuivre le financement de l'effort public de développement. Il apparaît donc que le risque a été écarté, néanmoins, au niveau interne, des réformes sont en attente. Ce secteur, considéré aujourd'hui comme le cœur battant de l'action économique, doit accompagner, en effet, tous les autres créneaux d'activité. Il s'agira de financer tous les projets d'investissement, sachant qu'après s'être mises au service de la consommation à un degré relativement considérable, les banques sont appelées à «soutenir» les projets porteurs et productifs. D'ailleurs, le ministère rappelle que le financement du développement a franchi des pas appréciables durant ces douze derniers mois. Le département des finances énumère notamment une amélioration de près de 150% du volume des microprojets financés par les banques, une meilleure incitation au financement des investissements des petites et moyennes entreprises (PME), le développement des mécanismes et institutions de leasing au bénéfice de produits industriels locaux, ainsi que l'ouverture en cours de filiales des banques publiques, de leasing et de capital investissement au niveau de chaque wilaya. Et, par ailleurs, ajoute le ministre, la création du Fonds national d'investissement (FNI) qui accompagne les entreprises publiques engagées dans des programmes de modernisation et de mise à niveau, et prend part aux participations nationales majoritaires dans les opérations de partenariats. La réforme au niveau interne et qui concerne exclusivement les différentes parties du système qui suit aussi son cours, selon l'exposé du ministre, touchera l'administration des finances, particulièrement la gestion du budget public, l'administration douanière et l'administration domaniale. Par ailleurs, la réforme des banques et du marché financier est axée, en grande partie, sur les banques publiques. Moderniser les banques publiques et le marché financier S'agissant de ces dernières, le ministre a parlé de la poursuite de la réforme avec de nouveaux contrats de performance pour les dirigeants de ces institutions, la généralisation graduelle de programmes de formation des personnels et d'amélioration des méthodes en partenariat avec de grandes banques étrangères. Il est fait état également d'un «plan de modernisation et de développement du marché financier [qui est] en cours d'élaboration pour aboutir à sa dynamisation dans un cadre transparent et bien régulé».Pour ce qui concerne l'administration des finances, le ministre a rappelé que «l'administration douanière a engagé un important programme de développement de ses moyens humains et matériels et verra bientôt le dépôt d'un projet de révision du code des Douanes». En outre, l'administration domaniale a finalisé le dispositif régissant la concession du foncier pour l'investissement et progresse dans les opérations d'établissement du cadastre général pour l'ensemble du territoire national, dont le parachèvement est prévu pour la fin de l'année 2014.La modernisation de la gestion du budget public est également en cours. Cette dernière s'appuiera sur la formation des personnels et la réorganisation des méthodes dans toutes les administrations publiques concernées, le développement de la mission de la Caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED) dans la maturation des projets. Il est question par ailleurs de la réorganisation de la Commission nationale des marchés pour accompagner l'important volume des contrats négociés par les administrations et agences publiques, le renforcement du rôle des contrôleurs financiers dans la vérification de la régularité des dépenses, ainsi que de la dynamisation de la mission préventive de l'Inspection générale des finances (IGF).Pour le secteur des assurances, le ministre a fait savoir qu'il continuera d'œuvrer pour l'élargissement de sa gamme d'interventions. Le secteur a, grâce à une mutualisation des efforts et moyens, engagé la création d'une école nationale des assurances, d'un fichier national des conducteurs ainsi que la lutte contre la fraude à l'assurance. S. B.