Photo : Hacène De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'après-f'tour a toujours été difficile à gérer, surtout la première semaine du mois de Ramadhan où l'on n'a pas encore vraiment trouvé la bonne formule. Les choses commencent à se mettre en place tout doucement pour, ensuite, s'inscrire dans la durée et devenir incontournables pour le reste du mois et dont il sera difficile plus tard de se débarrasser. Le premier jour, on tourne en rond ; on se balade ; on flâne dans les rues et on s'attable au gré des rencontres. On passe la soirée à aller de café en café et de mahchacha en mahchacha pour rentrer un peu fatigué et s'installer devant la télévision pour attendre le s'hor. Puis, on s'organise et on se retrouve entre amis avec de quoi meubler toute la soirée et passer de bons moments. Certains préfèrent taquiner les cartes et jouer des parties de rami ou de cartes espagnoles tout en dégustant un «kalb ellouz» bien sucré arrosé d'une limonade. Discussions, railleries, plaisanteries et humour agrémentent ces veillées ramadhanesques qui durent jusqu'à une heure avancée de la nuit. «C'est le seul mois où je me détends avec des amis. Cela me permet de sortir le soir et de passer de bons moments avec des copains, nous confie Azzou, un jeune rencontré dans l'une des nombreuses mahchachas qui ouvrent à tout-va durant ce mois. Nous jouons aux scrabbles et personnellement, j'apprends beaucoup à ce jeu. C'est un échange continu de connaissances avec, en prime, le fait de pouvoir gagner une partie. C'est vraiment bien. Cela me change de la routine quotidienne où je suis tout le temps vissé devant la télé avec ses programmes débiles.» Dans les quartiers populaires, du côté de la Colonne, les jeunes se rencontrent pour passer la soirée ensemble et profiter au maximum de ce mois un peu spécial par le fait qu'il bouleverse toutes les habitudes et en installe de nouvelles en un rien de temps. Les guitares réapparaissent et les premières notes jouées par des mains habituées viennent bercer les oreilles des passants qui écoutent avec plaisir, le sourire aux lèvres. Puis, on chante, on danse, on rit à gorge déployée, de ce rire innocent qui emplit l'atmosphère de gaieté, de joie et de bonheur. Un autre groupe de jeunes arrête son choix sur une petite place publique qu'il squatte le temps d'un rap où tout le monde répète à l'unisson les paroles. Tout le monde entre dans la danse et on aurait dit que tous entrent en transe avec cette musique toute bônoise dont Lotfi Double Kanon est le précurseur et le maître incontesté. D'autres ont passé leurs soirées au club local du jeu de boules où ils participaient aux différents concours nocturnes organisés à l'occasion du mois de Ramadhan en attendant l'ouverture solennelle du Festival national de la musique et de la chanson citadine. Cette 4e édition fera le bonheur des mélomanes qui ne manqueront pas d'assister à la trentaine de concerts programmés durant les 10 jours que durera ce festival. De grands noms de la chanson chaabie et du malouf animeront ces soirées. La diva de la chanson andalouse, Nadia Benyoucef, inaugurera la 1re soirée du festival et la chanteuse tunisienne Nabiha Karaouli apportera la touche finale à cette grande manifestation culturelle. Côté théâtre, pas moins de 13 pièces sont programmées et feront «ressusciter» le 4e art quelque peu négligé ces derniers temps. Les mordus du théâtre seront, donc, pour une fois gâtés et pourront passer de belles soirées en suivant les répliques des comédiens, tous des Algériens avec leurs différents accents. Des troupes théâtrales de Batna, de Constantine, de Ouargla ou d'Annaba vont en quelques jours redonner à la culture la place qui lui revient de droit.