Photo : S. Zoheïr Par Amirouche Yazid Au moment où beaucoup de pays, notamment les voisins, réalisent des pas importants en matière d'audiovisuel, l'Algérie demeure insensible à la demande populaire. Elle possède, pourtant, tous les atouts pour avancer sur ce terrain. Les pouvoirs publics continuent de renvoyer aux calendes grecques l'ouverture du champ de l'audiovisuel alors que l'attente n'a cessé d'augmenter. Dans la relativité des choses, il est difficile de trancher sur les aptitudes actuelles de l'Algérie à s'engager dans cette ouverture dans la mesure où la question est d'abord d'ordre politique. L'opinion sportive reste, néanmoins, sur sa faim devant un vide sidéral en matière de médias. Le grand mal est incontestablement le fait que l'Algérie n'a pas encore lancé une chaîne sportive comme cela a été fait dans certains pays qui ne disposent pourtant ni des moyens ni de l'expérience de l'Algérie. La déception est ressentie à un autre niveau de la demande : l'«unique» n'arrive plus à offrir une émission sportive de qualité à la mesure de ce que souhaite voir le téléspectateur. Ce dernier souffre, en effet, de l'absence de plateaux sportifs à même de lui permettre de rester collé à l'actualité du sport national ainsi qu'à ce qui se passe ailleurs. En matière de couverture des compétitions nationales, notamment le sport roi, le football, le recul est net. Aucune retransmission dans certaines journées. L'émission hebdomadaire «Fi l'marma» censée offrir aux téléspectateurs images et commentaires de coachs, se contente cette année du service syndical. L'autre rendez-vous sportif de la télévision algérienne «Stades du monde» perd son aura. Elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les quelques séquences servies chaque lundi font désormais office de vieux souvenirs. Plus de place pour les images de la Bundesliga et de la Liga ni du Calcio sur l'écran de l'ENTV. Le contenu de l'émission au cours de la saison écoulée en a surpris plus d'un. On se contentait de faire une revue de ce qu'a écrit la presse étrangère sur les derniers résultats des différents championnats européens. Nul n'ignore pourtant que les amoureux du foot n'attendent pas une émission sportive pour annoncer un résultat vieux de 48 heures. L'argumentaire selon lequel l'entreprise n'est pas en mesure d'acheter des images de matches ne tient pas la route. Il est franchement aberrant de servir aux téléspectateurs les unes de journaux français, espagnols et italiens à l'heure de l'Internet. La concurrence est bien là pour pousser le service des sports de l'«unique» à innover et à œuvrer dans l'objectif de satisfaire les gens qui s'intéressent à cette discipline. Celui qui veut suivre tous les scénarios des éliminatoires de la CAN et du Mondial 2010, suivis des lectures et autres analyses d'anciens mondialistes, n'a pas à chercher un plateau de l'ENTV. Ce plateau n'existe pas. Il est plutôt royalement servi sur les chaînes marocaines où le débat est fascinant aussi bien sur l'avenir de la sélection que sur les chances de qualification en Afrique du Sud pour l'Algérie et la Tunisie. La conjoncture actuelle favorise ce genre de débat avec une équipe nationale au centre de toutes les interrogations. Le football est le seul produit en mesure de retenir des millions d'Algériens devant l'écran. C'est incontestablement le moment de leur permettre de vivre la passion et l'amour du football en concoctant un programme qui réponde aux pulsions du peuple en intégrant des émissions sportives animées par des professionnels.