Photo : S. Zoheïr Par Abdelghani Aïchoun Combien doit se vendre un billet d'accès au stade ? La question mérite d'être amplement posée étant donné qu'un grand nombre de supporters des clubs font partie d'une jeunesse dont les moyens financiers sont limités. Mais, pour aborder le sujet, il faut, bien évidemment, prendre en considération tous les paramètres et ne pas faire de fixation uniquement sur le pouvoir d'achat des funs afin de ne pas «fausser» le débat. Il faut rappeler, que la polémique a refait surface – le sujet a été évoqué déjà par le passé à chaque fois qu'un club ou responsable de stade décide de porter à la hausse le prix du billet d'accès au stade – surtout récemment avec la réouverture du stade du 5 Juillet mais également avec les matches de l'équipe nationale de football. Un jeune peut-il s'offrir un billet de 500 dinars ? Pour de nombreux supporters du Mouloudia Club d'Alger, le prix du billet d'accès au stade du 5 Juillet (l'enceinte dans laquelle l'équipe reçoit cette saison ses adversaires) fixé par la direction du stade à 500 dinars, est excessif. «Beaucoup de nos supporters ne peuvent plus aller au stade en raison de la cherté du billet. C'est préjudiciable pour le club qui se voit ainsi coupé de ses fans», nous a déclaré un membre du comité des supporters du doyen des clubs algériens. Pour lui, normalement le prix «ne pourrait dépasser les 300 dinars», d'autant plus, signale-t-il, qu'il y a «une certaine injustice» puisque «les supporters de la majorité des autres clubs payent seulement 200 dinars pour voir jouer leur équipe». De plus, plusieurs supporters estiment que le championnat algérien n'est pas d'un niveau suffisant de qualité pour que le prix du billet soit aussi cher. En d'autres termes, nos matches ne mériteraient pas 500 dinars. Seulement, il y a d'autres considérations qui entrent en jeu. Des considérations qui ne peuvent pas forcément être prises en compte par un simple supporter. Pour rappel, le premier responsable du stade du 5 Juillet avait annoncé, dès sa réouverture, il y a quelques semaines, que le prix du billet varierait entre 500 et 1 000 dinars. Le premier match programmé sur la nouvelle pelouse du stade avait opposé en amical, le 12 août dernier, l'équipe nationale à son homologue uruguayenne. Le prix du billet a été fixé à 1000 dinars. Même si les tribunes n'étaient pas toutes remplies, néanmoins, globalement l'opération a été une «réussite financière», comme nous l'a indiqué un cadre de la direction du complexe. Pour ce qui est des trois premiers matches de championnat que le stade a déjà abrités, les recettes étaient «bonnes», quoi qu'il n'y ait pas un grand nombre de supporters. «De bonnes recettes avec moins de problèmes» Ainsi, lors de la première rencontre du championnat, qui s'est jouée sur cette nouvelle pelouse le 12 septembre dernier, entre l'USMH et le NAHD, il y avait, selon des sources proches du stade, près de 4 500 billets vendus à 500 dinars. L'enceinte a donc fait une recette d'environ 225 millions de centimes. Ce qui n'est pas négligeable, même si, il faut quand même le relever, le taux de remplissage du stade était de moins de 10 %. Une semaine plus tard, le Mouloudia reçoit le NAHD. Pour ce second match, les rentrées étaient meilleures avec un peu plus de 10 000 billets vendus (500 millions de centimes environ). «De bonnes recettes avec moins de problèmes», dit-on du côté de la direction du stade. Les matches qui attirent les grandes affluences sont souvent plus difficiles à gérer. «Dans le meilleur des cas, là je peux évoquer le match MCA-JSK qui s'est joué au 5 Juillet la saison avant sa fermeture, il y a eu environ 18 000 billets vendus. Au prix pratiqué à l'époque, il y a une meilleure recette actuellement. Pourtant il y a moins de supporters. Seulement, il faut signaler que d'une manière générale, jusque-là, il n'y a pas une très grande différence en termes de nombre de supporters», ajoute notre source. Selon lui, même si le billet était moins cher, un match comme celui ayant opposé l'USMH au NAHD «ne drainerait pas plus de 10 000 supporters». Seulement, quelques jours plus tard, le samedi 26 septembre dernier plus exactement, à l'occasion de la 7e journée du championnat, le CRB recevait l'USMA (2-2) dans ce même stade. Là encore, il n'y avait pas plus de 5000 billets vendus. A partir de là, peut-on dire que cette nouvelle politique de tarification est en «inadéquation» avec le niveau de vie de nos supporters ? Il est également opportun de se poser une autre question. Est-ce que le stade du 5 Juillet est «plus grand» que certains derbies algérois ? Ces derniers qui ont l'habitude de se jouer dans des enceintes à faibles capacités, comme le stade de Bologhine, d'El Harrach ou Zioui, trouveraient fort logiquement, des difficultés à faire le plein au stade du 5 Juillet. Donc, est-il préférable de domicilier ces quelques derby ailleurs ? En tout cas, hormis pour le Mouloudia d'Alger, qui a souvent l'habitude de mobiliser un grand nombre de supporters, il ne faut pas s'attendre à ce que les autres clubs de l'Algérois puissent provoquer une très grande affluence. La cherté du billet ne dissuade pas les funs des Verts Pour revenir aux matches de la sélection nationale, il faut rappeler que le prix du billet de la dernière confrontation des Verts face à la Zambie a été fixé, au stade de Blida, à 500 dinars. Quant au match du mois de juin dernier face à l'Egypte, le prix du billet était à 1 000 dinars. Dans les deux cas, cela n'a pas empêché les supporters de se rendre nombreux au stade. Au point que certains, même munis de billets, n'ont pu accéder aux tribunes. Pour dire que, quand il s'agit de l'équipe nationale, la cherté du billet ne «dissuade» pas les supporters. D'ailleurs, certains iront même jusqu'à se procurer un ticket à un prix beaucoup plus élevé au marché noir. En dernier lieu, il est utile de signaler que même si les supporters ont tout a fait raison de «s'emporter» face à la hausse du prix du billet d'accès au stade, il n'en demeure pas moins, que les responsables de ces enceintes sportives sont tenus également par l'obligation de résultat, donc par les bénéfices. Le football s'est «libéralisé», au sens économique du terme, en amont, avec des primes de signature beaucoup plus élevées pour les joueurs – y compris dans le championnat algérien où un footballeur tout juste moyen arrive à arracher une prime de 600 millions de centimes au minimum sans compter ceux qui signent ces dernières années pour un milliard et même plus dans certains cas – pourquoi ne le serait-il pas en aval ? Si les uns et les autres ne sont pas d'accord avec ce qui se passe, c'est toute la nouvelle logique du football qui devra être remise en cause. Seulement, il faut dire que quand un supporter paye le prix fort, pour accéder à un stade, il a normalement droit à un minimum de «considération». En d'autres termes, que les responsables du stade leur offrent toutes les commodités nécessaires, en termes d'alimentation, de boisson, de sanitaires…etc. Pour rappel, depuis quelques années déjà, les Algériens sont de plus en plus privés d'image en «direct» des matches de compétitions européennes ou même de celles du Mondial. A moins qu'un «pirate» réussisse à «décoder» le code d'un quelconque bouquet ou d'acheter une «carte» (Al Jazeera Sport, ART, Canal Plus…), les Algériens n'ont et n'auront plus la latitude de suivre une rencontre à leur guise. L'Algérie, étant partie intégrante du monde, ne peut échapper à cette mondialisation du football. Ça a commencé par la flambée des prix des transferts des joueurs, il n'y a aucune raison pour que ça n'atteigne pas le prix du billet d'accès au stade. Il est même à prévoir que cette hausse (du stade du 5 Juillet ou même de celui du 8 Mai 1945 de Sétif) se généralise pour toucher les autres stades du pays. La machine s'est mise en marche et il est peu probable que quelqu'un puisse l'arrêter…