Si les prix du pétrole arrivent à se maintenir, ces dernières semaines, à des niveaux acceptables (80 dollars le baril), celui du gaz a chuté d'une manière substantielle ces derniers mois. Le ministre de l'Energie algérien, qui s'exprimait, hier, sur les ondes de la radio nationale n'a pas mâché ses mots quant à cette situation. M. Khelil impute cette chute drastique du prix du gaz au lancement, aux Etats-Unis, d'une nouvelle technologie permettant à ce pays d'être autonome par rapport à cette énergie. «Tout le gaz qui devait être destiné vers les Etats-Unis est réorienté vers l'Europe et l'Asie. Il y a un impact sur le marché spot. Jusqu'à maintenant, il y a eu une relation étroite entre les prix du pétrole et ceux du gaz. En ce sens qu'on divise par dix le prix du pétrole pour avoir le prix du gaz. Mais, actuellement, il faut diviser par quinze, parfois par vingt. Ce prix est très bas pour nous», a expliqué le chargé du secteur de l'énergie. Rappelant l'objectif de l'Algérie d'atteindre 85 milliards de m3 de gaz exportés à l'horizon 2013/2014, Khelil a encore une fois soulevé la question du Forum des pays producteurs et exportateurs de gaz. Pour lui, il ne s'agit pas d'une «OPEP du gaz», néanmoins il «devait fonctionner comme l'OPEP en tant qu'organisation qui défendrait les intérêts économiques des pays membres malgré les divergences politiques». En d'autres termes, Khelil notera que les quinze pays membres du Forum doivent adopter une nouvelle stratégie pour avoir «un prix juste» du gaz. «L'un des buts du Forum est l'échange d'informations sur les contrats, chose qu'on n'a pas pu faire jusqu'à maintenant. Chaque pays garde confidentiels ses contrats de vente à long terme. Les prix sont maintenus au secret. Nous devons préparer ensemble le long terme», a-t-il détaillé. Le ministre a parlé même d'actions au sein de ce Forum telle que la réduction de la quantité de gaz présente sur le marché. «Ce volume de gaz doit être tout juste suffisant pour permettre un prix raisonnable et juste», a-t-il précisé. A signaler que ce Forum du gaz, lancé à Moscou, devra désigner son premier secrétaire général le 9 décembre prochain à Doha. Évoquant la question des prix du pétrole, Khelil a affirmé que l'Algérie n'augmentera pas sa production. Cependant, pour Khelil les réductions cumulées de 4,2 millions de barils/jour décidées par l'OPEP en 2008 ont influé positivement sur les cours du pétrole et les recettes des pays exportateurs, dont l'Algérie, leur permettant de gagner plus de 60 dollars sur un baril de pétrole. Selon les détails fournis par le ministre, l'Algérie continuera à appliquer ses engagements jusqu'au moment où l'OPEP prendra une autre décision, précisant que «cette décision dépendra de plusieurs conditions économiques, notamment la stabilisation du dollar et la spéculation». Par ailleurs, le ministre fait remarquer que l'Algérie dispose de capacités de production de 1,4 million de barils/jour mais ne produit effectivement que 1,2 million de barils en application des décisions de baisse de l'OPEP, soit 15% de sa production. Pour lui, «notre pays a perdu 15% en volume de pétrole exporté mais a réussi à tripler le prix avec cette décision.» Répondant à une question sur la politique menée actuellement par son secteur pour diversifier la production énergétique, le ministre a répondu que cette diversification induit des coûts mais sa rentabilité est garantie à long terme. Sur ce point, il a indiqué que son ministère a élaboré un projet de loi sur l'énergie nucléaire, actuellement en discussion au niveau du gouvernement, et mène en parallèle un programme de renforcement des capacités des réacteurs de recherches et de formation du personnel nécessaire à la construction et l'exploitation des centrales nucléaires qui seront construites à l'avenir. S. B.