La menace d'un nouveau conflit gazier entre Russes et Ukrainiens se fait persistante, ces derniers jours. Et cette menace n'est pas sans effets, sans inquiétudes pour l'Europe, dont 80% du gaz en provenance de Russie transite par l'Ukraine. A l'origine, le non- paiement des factures du gaz russe par l'Ukraine. La question a été d'ailleurs discutée, le 19 novembre dernier, à Yalta, par le Premier ministre, Ioulia Timochenko, et son homologue russe Vladimir Poutine. La rencontre s'est tenue dans une ambiance détendue, selon des médias européens, signe que Moscou soutient la candidature de Mme Timochenko pour l'élection présidentielle. La Russie a accepté de réviser les termes du contrat gazier signé en début d'année et de diminuer le volume livré par Gazprom à la société ukrainienne Naftogaz en 2010, pour que Kiev n'ait pas à payer de fortes pénalités. Elles s'élèveraient à 8,5 milliards de dollars pour 2009, selon le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko. Poutine, repris par des agences de presse, a indiqué que le tarif payé par Moscou pour le transit de son gaz vers l'Europe via l'Ukraine allait augmenter de 60% en 2010. Le volet à problème dans ce contrat reste celui du «take or pay» («prendre ou payer»), qui oblige l'Ukraine à payer tout le gaz prévu (40 milliards de mètres cubes en 2009), sans tenir compte de sa consommation réelle. Or, le marché intérieur s'est écroulé avec la crise. Selon Pierre Noël, chercheur à l'université de Cambridge et expert auprès du European Council for Foreign Relations (ECFR), et qui s'exprimait dans les colonnes du journal Le Monde, le contrat marquait trois avancées majeures : la suppression de l'intermédiaire très opaque, RosUkrEnergo ; la nécessité pour l'Ukraine, en tant que client, de s'aligner sur le prix du marché gazier, enfin, le principe même d'un contrat à long terme. Mais, a-t-il dit, ce contrat ne règle pas le problème ukrainien, que les Russes savent exploiter de façon éhontée. Pierre Noël estime que l'Ukraine est en faillite, soulignant que chaque mois, elle paie ses factures à la Russie, mais c'est en empruntant, et jamais avec les recettes de la vente du gaz dans le pays. «Cette logique est parfaitement intenable», juge-t-il.