De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi On aura oublié toute une semaine que le fléau du chômage frappe cruellement la jeunesse locale. En effet,l'équipe nationale aura éclipsé ce malaise de la société auquel elle fait face. Le chômage est bien là ! Les jeunes continuent de digérer tout bonnement à l'instar du peuple algérien la victoire des Verts mais la réalité marquant les offres est manifeste. Ils sont des centaines à défiler quotidiennement au niveau de l'Agence nationale de l'emploi. Une promesse, un placement direct, c'est ce que réclament les jeunes et moins jeunes qu'on a accostés dans les couloirs de cet organisme «délicatement» imperméable. A chaque fois que les autorités locales émettent une opportunité d'emploi, c'est le rush vers l'ANEM. «On peut dire qu'il existe toujours des occasions de placement dans notre wilaya», confie le directeur régional, M. Khelfa, qui chapeaute 6 wilayas de l'Est sans pour autant avancer des chiffres qui, selon lui, dépendent de la cellule installée au niveau du ministère. Qu'importe les chiffres dès lors que les rues et autres espaces sont squattés au quotidien par des chômeurs. Etals de cigarettes, parterres de vêtements et de supports visuels et sonores sont des commerces à l'air libre qui mettent en évidence le degré d'oisiveté chez la jeunesse constantinoise. Versée depuis plus de deux mois dans le commerce des effets vestimentaires et autres dérivés relatifs à l'équipe nationale, elle devrait trouver désormais un substitut pour maintenir l'occupation à long terme qui ne tient pas compte de la conjoncture. «On s'est montré à la hauteur par notre engagement pour la patrie, maintenant c'est aux décideurs de revoir la copie de notre avenir toujours incertain. L'Etat dispose de moyens avec lesquels il peut embaucher la majorité des chômeurs», commente un jeune sans emploi qui passe ses journées entre cafés, cybers et parkings occasionnels. Du moins pour certains, la vraie vie se situe outre-mer. Le chômage fait fabuler en s'associant au virtuel de la toile. Certains jeunes chômeurs guettent la moindre occasion tenter «El harba». Au lieu d'être réaliste et de se battre mordicus pour s'imposer dans cette société sur le plan professionnel, ils s'aventurent dans une embarcation légère. «Pour moi, c'est le quitte ou double. Assez attendu ces lendemains meilleurs qui ne sourient qu'à une frange précise. C'est l'embarcation qui me sauverait de cette situation de chômeur», désespère un adolescent en rupture de ban depuis deux années. Sur ce dernier plan, il faut avouer que les parents frappés par un pouvoir d'achat dégradé, laissent libre cours à leur progéniture exclue des établissements scolaires pour leur faciliter les fins de mois. Pourtant, la formation professionnelle accueille sans conditions ces jeunes pour les former et leur permettre un emploi selon les compétences en leur domaine. En dépit d'une politique assez présente par ses dispositifs pour la résorption du chômage qui les sanctionne, tous âges confondus, (ANSEJ, ANEM, CNAC) et d'une sensibilisation accrue au profit des personnes concernées, Constantine compte toujours des lacunes dans la prise en charge des sans-emploi. Les quais et autres places publiques propagent l'aura de la foule commerciale tous azimuts, et on s'abstiendra de dire que le chômage est vaincu à Constantine. L'ANSEJ, de simple «condensateur» de dossiers à manageur de projets D'aucuns estiment que l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes, depuis sa mise en œuvre en 1998, jouait au simple administrateur se souciant beaucoup plus des acceptations des dossiers que de leur contenu en matière de projets. Les banques, pour leur part, finançaient les promoteurs sans les suivre dans leur rentabilité jusque-là sacrifiée. Cette inadéquation aura été décriée par les responsables, tant le résultat n'avait pas été celui escompté au terme des sommes octroyées «aux pseudo-détenteurs». Ainsi, l'ANSEJ a changé son fusil d'épaule et s'est dotée de toute une batterie qui lui confère le titre de parrain de projet porteur dans un contexte économique assez revendiqué par le pays. «L'esprit d'entrepreneuriat doit être développé chez les porteurs de projets. A notre niveau, des accompagnateurs leur sont délégués depuis l'acceptation du dossier une fois validé par la commission locale de financement», explique le directeur de l'agence, M. Belmili, en indiquant que le financement, voire l'engagement des banques pour soutenir les souscripteurs, enregistre une nette amélioration. En ce qui concerne la contribution de l'ANSEJ dans la résorption du chômage, notre interlocuteur pense que cet aspect se trouve plutôt dans un contexte de fond purement économique répondant à un environnement prédéfini selon les besoins de chaque espace. «C'est la faisabilité, la durabilité et les fruits d'un tel projet qui nous préoccupent. Autrement dit, l'impact des chaînes de production dans les microentreprises. Ensuite, c'est l'évidence qui ressort chaque projet entériné et c'est une masse salariale qui en découle», expliquera-t-il. Et de donner l'exemple de plusieurs bénéficiaires du soutien de l'ANSEJ, lesquels se sont transformés en l'espace d'une poignée d'années en une entreprise concurrençant les chevronnées. Mieux, un ingénieur en génie civil qui a monté son projet a participé à la réalisation des logements LSP. Tandis que d'autres «petits patrons» enrôlent des dizaines d'ouvriers. Il y a même une microentreprise qui a offert près de 250 postes d'emploi. Tous ces fruits, selon M. Belmili, sont aussi l'œuvre d'une formation continue instituée depuis 2007. «Le volet de la formation a aidé à la pérennité des desseins dès lors que leurs détenteurs s'initient au management», a–t-il soutenu. Par ailleurs, il faut reconnaître que l'ANSEJ aura cumulé son aspect négatif par le passé et ce, en raison de multiples facettes liées à «des imprévus naturels, des changements environnementaux». Toutefois, une chose est sûre, atteste le directeur : la wilaya s'enorgueillit en termes de remboursement des banques. «On a dépassé la moyenne de remboursements. Ce qui porte la circonscription à une échelle honorable et cela vient confirmer la rigueur avec laquelle on veille aux différents projets émis.» En faisant peau neuve en matière de notions et de techniques modernes managériales, l'ANSEJ a su insuffler un nouveau sang à la notion de «l'entreprise». De plus, depuis la mise en vigueur de la qualification exigée pour les demandeurs sans diplôme et qui est sujette à un test d'évaluation, les projets retenus sont loin d'échouer à mi-chemin