De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Une violente manifestation a eu lieu, hier, au niveau de l'artère principale de la ville d'Oran. Des jeunes, furieux, ont brûlé des pneus et dressé des barrières à même la rue Larbi Ben M'hidi. La circulation a été perturbée pendant plus de deux heures dans la matinée d'hier. Les jeunes, fous de rage, ont laissé libre cours à leur colère et leur ras-le-bol face aux conditions sociales désastreuses dans lesquelles ils évoluent. A l'origine de cette manifestation, l'effondrement partiel de deux plafonds dans deux maisons situées dans un immeuble menaçant ruine, survenu durant la nuit de vendredi à hier, croit-on savoir. Cela, en plus d'un incendie qui s'est déclenché simultanément et qui aurait provoqué des dégâts majeurs, n'était la vigilance des habitants. Les policiers anti-émeute ont eu fort à faire durant cette manifestation qui a failli tourner au vinaigre. Les négociations avec les manifestants ont finalement abouti avec l'arrivée du président de l'APC d'Oran qui a réussi à faire reculer les jeunes et à les calmer. Pour rappel, l'immeuble en question, situé rue Pélissier, perpendiculaire à la rue des Aurès (ex-la Bastille) abrite près d'une dizaine de familles. La plupart d'entre elles sont là depuis plus d'une vingtaine d'années, nous dit-on. L'immeuble en question menace ruine depuis quelques années déjà et présente un réel danger pour ses occupants. «Les pompiers, les agents de la daïra et de la commune sont venus à plusieurs reprises. Mais ils n'ont rien fait depuis», nous confie une vieille femme qui n'a pas hésité à nous montrer l'étendue des dégâts dans sa maison : «Regardez ce toit, il est gonflé, regardez ces fissurations sur le mur et ces colmatages que j'ai réalisés sur le plafond. Je vous dis sincèrement, je ne dors pas bien. Je suis inquiète…». Il y a lieu de préciser que l'incendie qui a eu lieu dans cet immeuble n'est pas le premier du genre, nous dit-on sur les lieux. «En juillet dernier, nous avons eu le même problème et les agents de la Sonelgaz nous ont assuré que ça n'allait plus recommencer», nous confie une autre femme. En tout état de cause, les familles ont été rassurées par le maire qui les a orientées vers la daïra afin de prendre en charge leur cas. Les citoyens de la capitale de l'Ouest en sont venus à la conclusion que le seul moyen de se faire entendre était de sortir dans la rue. C'est la règle d'or à Oran et ça, tout le monde l'aura compris.