Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub L'activité des espaces portuaires, principalement celle du port d'Alger, s'est caractérisée, durant le premier semestre 2009, par une importante congestion, marquée par un allongement conséquent de la durée, à quai et en rade, des navires. Cela a induit un impact négatif sur l'activité économique, en raison des taxes de surestaries, d'une part, et des taux de fret et de primes d'assurances élevées, d'autre part. Une situation à vrai dire qui durait depuis des dizaines d'années dans ce port affecté au ravitaillement, à l'importation, à l'exportation…. Pour parvenir à un traitement radical et définitif de ce problème d'engorgement du port d'Alger, les pouvoirs publics ont décidé que les navires transportant les cargaisons de rond à béton et bois, les produits alimentaires non conteneurisés, les marchandises diverses non conteneurisées et les véhicules (car-carriers) n'étaient plus autorisés à décharger leurs marchandises au port d'Alger. Prise en juin dernier en conseil interministériel, cette décision est entrée en vigueur le 2 octobre 2009. Les effets de la réorientation des marchandises non conteneurisées vers d'autres ports que celui d'Alger n'ont pas tardé à se faire sentir dès le premier mois où le trafic de marchandises a connu une forte baisse en octobre dernier. A l'importation, les opérations commerciales au niveau d'Alger port ont enregistré une baisse de 20,37%, passant de 394 770 tonnes en octobre 2008 à 314 348 tonnes au même mois en 2009, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS). Plus prononcée, la baisse en valeur est évaluée à moins 38,37%, le montant est passé ainsi de 615 millions de dollars en octobre 2008 à 379 millions de dollars à la même période en 2009, précisent les données douanières. Commentant ces chiffres à l'APS, le directeur du CNIS, M. Hocine Houri, a indiqué que la décision du désengorgement de ce port a permis d'«assurer une fluidité du trafic portuaire, une meilleure maîtrise des capacités portuaires existantes ainsi qu'une bonne visibilité». La mesure a même aidé à la fluidité de la circulation routière, a-t-il ajouté. Avant l'application de cette mesure, quelque 70 navires attendaient quotidiennement en rade et à quai, entraînant pour l'Algérie un coût annuel estimé à 700 millions de dollars, d'après des estimations officielles. Le port d'Alger est devenu une plate-forme incontournable de tout échange économique par voie maritime compte tenu de la dimension prise durant ces dernières années. Raison pour laquelle l'EPAL en tant qu'entreprise commerciale tente de mener à bien une politique de refonte de l'organisation portuaire en recentrant ses structures internes afin de les adapter aux objectifs de performance et en spécialisant les métiers de base, ce qui a permis d'instaurer de meilleurs mécanismes de gestion et de fonctionnement. Le port d'Alger s'attelle donc à promouvoir une nouvelle dynamique de fonctionnement de ses multiples activités. Cette situation a largement contribué à engendrer des résultats positifs et laisse entrevoir des perspectives encourageantes pour les années à venir. D'ailleurs, un plan de développement et de modernisation s'étalant jusqu'à 2015, initié par l'entreprise portuaire, est en cours de mise en œuvre. Restera un problème de taille que l'entreprise de gestion du port devra prendre en charge. Il s'agit des travailleurs qui, menacés de se retrouver au chômage, ont déjà observé des sit-in. L'EPAL devra penser à un redéploiement efficient qui permettra de préserver l'emploi tout en développant la structure. Car, à en croire les travailleurs du port en grogne, quelque 650 employés risquent de se retrouver au chômage dès la fin de leur contrat de travail, «l'employeur n'aura plus aucune raison de renouveler le contrat et les employés avec des CDD [contrat à durée déterminée] vont se retrouver en chômage. Déjà que ceux qui ont des CDD de trois mois [ils ne sont payés qu'au shift] sont aujourd'hui sans salaire». Même les employés permanents sont lésés avec cette décision puisque, comme ils l'expliquent, «une baisse du trafic va être enregistrée ce qui engendre une baisse du chiffre d'affaires et, donc, une diminution de la prime de rendement individuel et collectif [PRI, PRC]». Les 2 500 travailleurs du port aspirent à préserver leur emploi et seule une bonne politique de redéploiement permettrait de le faire tout en modernisant le port d'Alger. H. Y. Les statistiques du port relèvent-elles du secret défense ? Contactée à plusieurs reprises, fax à l'appui, l'administration portuaire a refusé catégoriquement de nous recevoir pour étayer notre article avec les nouvelles statistiques du trafic des marchandises depuis l'entrée en vigueur de la décision de réorientation des marchandises non conteneurisées, vers d'autres ports que celui d'Alger. «Le directeur général est absent», nous répète pendant des jours son secrétariat. A la demande d'être reçu par l'intérimaire du DG ou encore une personne habilitée à répondre à nos questions, il nous a été précisé que «seul le DG est habilité à répondre à la presse». «Quand ce dernier pourra-t-il nous donner rendez-vous?», avons-nous demandé. «Je ne peux vous répondre», a déclaré la secrétaire. Devant notre insistance, cette dernière nous dit, à notre grand étonnement mais surtout grande déception : «Allah ghaleb». Est-ce une réponse acceptable de la part d'une administration ? Est-ce que le DG du port n'assure pas le travail pour lequel il est rémunéré ? Sinon, comment expliquer que ce responsable soit absent pour une si longue durée de son bureau ? Au niveau du ministère des Transports, le chargé de la communication, une fois la situation expliquée, s'est engagé à intervenir. Mais, à l'exception d'un document qui était loin de répondre à nos attentes, aucune suite n'a été donnée à notre sollicitation.