Faut-il utiliser tous les moyens et procédés, même ceux interdits par la loi, pour s'enrichir ? C'est vraisemblablement le cas dans la filière déchets ferreux et non ferreux, spécialement le cuivre. Cette matière, destinée à l'exportation et dont la recette avoisine les 15 millions d'euros par an, est dans la quasi-totalité des cas volée. Par qui ? Au profit de qui ? Comment procède-t-on à ces spoliations «contre nature», nées au lendemain de la libéralisation du marché national ? Qu'a-t-on fait au niveau des pouvoirs publics, notamment le ministère du Commerce ? Quelles mesures a-t-on prises pour contrecarrer les receleurs ? Que fait-on pour protéger les enfants qui perdent leur vie pour se faire un peu d'argent au profit de grands trafiquants de cette matière ? A quel niveau se situe la responsabilité ? Autant de questions qui restent étrangement drapées dans un épais secret si l'on se fie aux déclarations des différentes parties. Pour ce qui est du préjudice financier causé à l'économie nationale, trois entreprises et non des moindres sont victimes de ces vols. Il s'agit de Sonelgaz, d'Algérie Télécom et de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF). Les chiffres enregistrés par la Gendarmerie nationale parlent d'eux-mêmes : les kilomètres de cuivre volés sont évalués à des centaines de millions de dinars. Pour AT, 201 millions DA est le montant des pertes pour le compte de l'exercice 2007. Les lois élaborées à cet effet, notamment la décision du ministère du Commerce interdisant 'exportation des déchets non ferreux (le cuivre fait partie de cette catégorie), demeurent incontestablement insuffisantes pour éradiquer ce fléau bien qu'elles aient permis de le diminuer. Les scandales cycliques concernant ce secteur ont donné lieu à des poursuites judicaires. Certains exportateurs et agents douaniers ont été reconnus coupables par la justice. Mais le vol du câble de cuivre se poursuit. L'ampleur du phénomène reste à endiguer. S. B.