Il y aurait de l'eau dans le gaz au sein de la sélection nationale. En fait, la scission ne se situerait pas à hauteur des lignes techniques, comme le qualifieraient des confrères pris d'une excessive passion bucolique, sur le rectangle vert mais dans les relations trop sereines pour être sincères entre le staff administratif et l'ensemble des joueurs, deux compartiments qui fonctionnent comme d'habitude, et l'histoire étant un éternel recommencement, à… l'humeur. Et entre les deux s'intercale évidemment le coach qui, de son gré ou contre sa volonté, essaie de faire tampon pour ménager le chou et la chèvre sachant qu'en bout de parcours il sera le fusible idéal. A tort ou à raison. Dans le cas de Saadane, c'est littéralement du 50/50. 50 parce qu'il recèle un évident déficit en communication directe et, qui plus est, avec une troupe de laquelle il dépend et duquel ladite troupe dépend tout autant. L'interdépendance dans ce cas de figure est incontestable même si le «je t'aime, moi non plus» reste l'expression clé d'une idylle de façade. 50 également parce qu'il n'a pas, en réalité, et là, quitte à faire pousser des cris d'orfraie à bien des parties, la dimension requise pour les challenges sur lesquels est engagée la sélection nationale. Nous n'aurons cesse de dire et de répéter que ce qui s'est passé jusqu'à maintenant pour la sélection nationale n'est qu'une succession d'évènements heureux. Un enchaînement, lequel, somme toute, n'est pas seulement de son apanage. Preuve en est que d'autres pays, qui n'ont pas une culture ancrée du football et, à la limite, faisant partie du patrimoine génétique, ont toujours un passage à vide, lequel une fois traversé n'empêche pas la répétition de travers. Ce qui est généralement qualifié de «retour des vieux démons». Une autre parade sémantique en vogue dans les médias. Ainsi, quitte, sans doute, à irriter les inconditionnels, la baraka ne saurait trop accorder ses faveurs à la sélection nationale si ceux qui tiennent entre leurs mains les responsabilités de cette équipe n'envisagent pas plus rationnellement la suite du parcours, non seulement à l'horizon juin 2010 mais plutôt à long terme. Des problèmes, c'est l'évidence même, laminent les rangs de la sélection nationale. Pour nous, il s'agira d'en parler au conditionnel compte tenu des ravages que peut causer la rumeur d'autant que celle-ci peut être massacrante quand elle est le fait de journalistes. Ou parce que non contredite, voire démentie par des confrères, elle devient le parfait mensonge par omission et deux fois plus qu'une si ceux qui doivent éclairer la lanterne des Algériens se trouvent sur place, autrement dit les envoyés spéciaux forcément au… parfum. Faire bloc autour de l'EN pour ces raisons, si c'est le cas, ne lui rendrait pas service et, dans la lancée, ferait des supporters de parfaits lampistes. L'intérêt national n'est pas de faire semblant et heureusement que le Malawi s'est trouvé sur la route de la sélection nationale pour rappeler qu'il est peu probable, sinon impossible, de voiler le soleil à l'aide d'un tamis, mais d'être conséquent avec soi-même et livrer la ou les vérités, crues soient-elles. Les états d'âme du sélectionneur à l'endroit des médias n'engagent que lui et lui seul. Le départ de Lemouchia a été mis, avec une rapidité sidérante et sans que personne n'ait eu le temps de s'interroger, sur le compte d'impératifs familiaux. Question langue de bois très franchement difficile de faire mieux à moins d'avoir toute une forêt de baobabs à portée de main. Alors que tout autant rapide en Algérie, les fans de l'EN évoquaient, avec un ou des argumentaires en béton, un clash entre le joueur et Saadane. Pour rester dans la même veine, tout un chacun raconte avec beaucoup d'aplomb que Ziaya a peu de chances d'évoluer tant que Saïfi tiendra sur ses jambes. Tout cela est plausible, il suffirait de rétropédaler dans le temps jusqu'à revenir à l'annonce d'un éventuel appel aux services de Lacen et le raz-de-marée provoqué à tous les niveaux. C'est-à-dire dans le rang des joueurs, parmi les fans et, enfin, au sein de la confrérie. Parfait remake de ce qui s'était déjà passé en 1986 au Mexique même si les données sont tout autres en ce sens qu'à l'époque ce sont des éléments locaux qui remettaient en cause l'apport de joueurs «professionnels» dont l'évidence d'apporter un plus ne tenait pas la route. Dans tout ce bouillonnement, si tant est qu'il soit d'une telle teneur, il faudrait quand même rendre hommage aux joueurs qui sont arrivés à passer l'écueil malien tout en gardant en mémoire l'idée que le plus important reste encore à faire : se qualifier pour le deuxième tour. Cela est possible sauf qu'il faudrait le faire dans des conditions auxquelles sont habitués les nôtres mais, contrairement à ce qui va se passer à Luanda, avec 50 000 supporteurs acquis à… l'adversaire. Et là, les joueurs algériens ont l'opportunité, la meilleure, de se transcender pour obtenir la victoire et, ce faisant, de se réhabiliter aux yeux d'un public qui, comme il a appris à s'attacher corps et âme à eux, garde intacte sa capacité à s'en détacher. La preuve en a été fournie après l'humiliante défaite face au Malawi mais plus particulièrement après la victoire face au Mali à la suite de laquelle, contrairement à son habitude, la population, en n'extériorisant pas sa joie, a fait encore plus incisif… elle a témoigné une forme de désamour à l'endroit de l'EN. A. L.