Une réconciliation est-elle possible ? C'est ce que semble croire le gouvernement afghan et les alliés rassemblés jeudi dernier à Londres à l'issue de la Conférence internationale sur l'Afghanistan. Le gouvernement afghan a invité jeudi les dirigeants des talibans à une Grande Assemblée des anciens (Loya Jirga) destinée à ramener la paix dans le pays. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont fait savoir qu'ils ne s'impliqueraient pas dans la Jirga et que c'était aux Afghans de mener les efforts de réconciliation. Washington espère que l'envoi de 30 000 hommes en renfort ainsi que l'argent dépensé pour inciter les talibans de base à abandonner le combat affaibliront suffisamment l'insurrection pour mettre les Occidentaux en position de force lors de la négociation d'un accord. Le ministre des Affaires étrangères français a salué les efforts de réconciliation déployés par le président afghan. «C'est toujours la solution d'une guerre que de parler avec ses ennemis», a déclaré Bernard Kouchner. Le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, a convoqué la conférence de Londres alors que la guerre, déclenchée au départ en raison du refus du gouvernement taliban de livrer des dirigeants d'El Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001, entre dans sa neuvième année. Les talibans n'ont jusqu'ici manifesté publiquement aucune volonté d'ouvrir des discussions, mais certains analystes les disent las des combats et conscients qu'ils n'ont pas davantage de chances que les Américains de gagner la guerre grâce aux seuls moyens militaires. Les gouvernements occidentaux ont souligné qu'il ne pourrait y avoir de compromis avec ceux qui maintiennent des liens avec El Qaïda. «Quant aux insurgés qui refusent d'accepter les conditions de réintégration, nous n'avons d'autre choix que de les pourchasser militairement», a déclaré Gordon Brown. Mais l'attitude des Occidentaux consistant à accepter la participation au processus de paix d'une partie au moins des talibans témoigne d'un assouplissement. Hamid Karzai a invité l'Arabie saoudite, qui a accueilli dans le passé des discussions entre représentants du gouvernement afghan et des talibans, à participer aux efforts de paix. Riyad a répondu qu'il ne participerait aux efforts de paix que si les talibans n'accordent pas refuge au chef d'El Qaïda, Oussama Ben Laden, et rompent tout lien avec les réseaux d'activistes islamistes. Hamid Karzai a aussi demandé aux voisins de l'Afghanistan, et en particulier au Pakistan, de soutenir les efforts de paix. L'Arabie saoudite, le Pakistan et les Emirats arabes unis sont les trois seuls pays à avoir reconnu le régime des talibans lorsque ces derniers étaient au pouvoir à Kaboul. Washington affirme que le mollah Muhammad Omar, chef des talibans afghans, et d'autres dirigeants de l'insurrection sont basés au Pakistan, ce que dément Islamabad. Face à une opinion publique lassée de la guerre, les gouvernements occidentaux espèrent entamer un retrait de leurs troupes en 2011. Les talibans n'ont pas réagi dans l'immédiat à l'offre de discussions d'Hamid Karzai. Avant la conférence, ils avaient qualifié de ruse le plan du gouvernement afghan consistant à offrir de l'argent aux combattants qui déposeraient les armes, affirmant que la seule solution à la guerre serait le retrait des troupes étrangères. G. H.