Il est incontestable que notre onze national a été sorti de cette ubuesque CAN de manière honteuse sous l'œil bienveillant et complice des dirigeants de la CAF, tous acquis à la cause égyptienne. Trop tard, les larmes de crocodile de Hayatou sur les défaillances de l'arbitre béninois dont les cendres doivent être bannies à jamais des arcanes du football continental. Comme il faut maintenant poser de manière forte –politique- la problématique de la délocalisation de la CAF du Caire. Car, cette Coupe d'Afrique en terre angolaise a non seulement révélé des défaillances basiques au niveau du COCAN local mais mis en exergue le mercantilisme effréné de tous les acteurs autour de cette CAN et mis en relief la déshumanisation de la compétition en élaguant l'esprit et la philosophie qui faisaient la force du football africain –à savoir le plaisir de jouer en communion avec des fans en fête-, symbolisée par le niveau de ses stars à même de mettre en valeur un continent épris de liberté, de justice et de fair-play, qui a, dans toutes les Coupes du monde, marqué de hauts faits. Et ce n'est pas cette scandaleuse décision, dernière ignominie, prise par les bedonnants rentiers de la CAF qui ont suspendu le Togo des futures joutes continentales, pourtant pays dont les joueurs méritaient une médaille d'honneur symbolique qui aurait redoré l'aura perdue de cette compétition continentale. Car, il y eut mort d'hommes et de sportifs innocents en son sein. Reste qu'au vu de tous ces paramètres, il est maintenant urgent pour les responsables du football algérien, à sa tête la tutelle, d'en tirer toutes les leçons, sans se voiler la face et surtout sans tomber dans cette hystérie anti-presse dès que celle-ci titille quelque peu l'équipe nationale et son «cheïkh». Car, s'il y a bien un acteur qui a fait véritablement son boulot, qui a accompli sa mission et ce, dans des conditions hostiles, c'est bien la presse algérienne. Venue en force. Les 120 journalistes –soit la délégation des médias la plus importante- n'ont eu de cesse d'informer, de remonter le cours des événements de la lointaine Angola et ainsi coller et supporter son EN en fusion avec une opinion publique et une population qui a délivré le plus beau des messages médiatico-politique en direction des responsables égyptiens et de leurs fanatiques, en défilant massivement dans les rues algériennes après la mascarade du pseudo match Algérie-Egypte et accueillant à l'aube, ses héros, ses guerriers. Toute cette mobilisation de millions d'Algériens autour des Verts ne doit pas faire oublier nombre de lacunes à même de promouvoir le label Algérie et son équipe mondialiste en Afrique du Sud. A savoir des organismes institutionnels incapables de répondre à des milliers de supporters avides d'en découdre sportivement dans les stades de Luanda, Benguela et Cabinda, pour la plupart privés de ce sésame alors que le millier de fans qui étaient présents –dans des conditions difficiles- se sont retrouvés largués comme des SDF sur les plages angolaises, en souffrant le martyre durant leur séjour. Des journalistes abandonnés à leur triste sort. Le plus urgent est de tirer les enseignements de la participation de l'EN qui a montré moult visages, alternant l'extraordinaire –face à la Côte d'Ivoire- et le médiocre –face au Malawi- et qui a besoin de la mise en place d'une cellule ad hoc pour préparer le Mondial 2010 et bâtir une équipe compétitive. Bien des choses sont à revoir, de l'encadrement au staff technique, du mode de communication, de la gestion de l'environnement… Dans ce cadre, Saadane en est bien conscient, l'ouverture de l'EN aux meilleurs doit être son leitmotiv. Saadane ne doit plus faire de sentiment et ne doit plus être à l'écoute des états d'âme. Il n'y a pas d'historiques dans l'EN ou de la mise en exergue ou de la légitimité des «hommes de la qualification». L'EN doit être ouverte à toutes les compétences pour cause d'intérêt national. C'est à ce prix que le «one, two, three, viva l'Algérie», devenu hymne universel, vibrera à nouveau, car porte-flambeau de millions d'Algériens, qui, quatre mois durant, ont oublié tous leurs malheurs et leur misère quotidienne, rêvant autour des Vert, Blanc et Rouge, couleurs emblématiques du drapeau national qui a été le signe de ralliement de tout un peuple. B.-C. H.