Le football en Afrique ne se conjugue pas avec équité, y compris durant la Coupe d'Afrique des nations où le jeu de coulisses y prend parfois le dessus. La 27e édition de la CAN, qui tire à sa fin, n'a pas manqué de rappeler que certaines décisions ne sont guère innocentes. Les éléments révélateurs de la partialité de la Confédération africaine de football changent, alors que la sélection qui en profite est toujours la même. La Coupe d'Afrique des nations angolaise a été encore une fois balisée pour le champion en titre en quête d'une succession à lui-même. A la clémence du tirage au sort qui a placé le tenant du titre dans un groupe très abordable où figurent les deux sélections les moins nanties du continent : l'arbitrage a fait le reste. Il a fallu que le onze égyptien se heurte à un adversaire coriace pour que le spectre de la partialité de l'arbitre s'installe de plus belle à Benguela. Il est difficile de convaincre les puristes du football que les erreurs commises par l'arbitre sud-africain Darmon lors du match Cameroun-Egypte ne sont pas prévues dans la feuille de route tracée par la Confédération africaine de football. Le parti pris du traditionnellement correct Darmon ne se réduit pas au fait de signaler une supposée faute à une vingtaine de mètres des bois de Kameni. Valider un but quand la balle n'a pas touché la ligne de but impose bien des interrogations quant aux intentions du directeur de jeu. L'empressement de Darmon à désigner le point du rond central, synonyme de but validé, sans consultation de l'arbitre assistant, est aussi une preuve solide pour conclure à la partialité du trio de décision. Ceux qui pensent qu'une Confédération africaine de football à la solde du lobby égyptien est une vieille histoire doivent déchanter. Le football égyptien, même avec sa longue histoire, demeure l'enfant gâté de la CAF. L'édition angolaise de la Coupe d'Afrique des nations est une preuve irréfutable. La mainmise des Egyptiens sur les décisions de la CAF ne se résume pas cependant au fait que son siège se trouve au Caire. Le choix des arbitres est un autre indice. Loin d'eux l'idée du soupçon viscéral sur la correction de tel ou tel autre arbitre, les Algériens appréhendaient la prestation du Béninois Kofi Kodja désigné pour le match d'hier Algérie-Egypte. Les appréhensions algériennes reposent sur le fait que le onze égyptien n'a jamais perdu un match dirigé par cet arbitre. Mais au-delà de ce détail, il faudrait se demander sur quoi repose de telles désignations. L'histoire de la CAF renseigne que cela repose sur le personnel qui compose les structures de l'institution. A ce niveau, la présence forte des Egyptiens est incontestable. Au passé comme au présent. Sur les six présidents de la CAF, de 1957 à ce jour, deux sont Egyptiens. Le premier président de la CAF, Abdel Aziz, n'a pas régné plus d'une année. Il a été remplacé par son compatriote, le général Abdel Aziz Mustapha, pour deux mandatures: 1958-1968. Le Soudanais Abdel Halim Mohamed Abdel Halim a pris par la suite les destinés de la CAF de 1968 à 1972. L'Ethiopien Tessema lui succédera à la tête de la CAF pour une longue période allant de 1972 à 1987. Après un court intérim du revenant Soudanais Abdelhalim, c'est le Camerounais Issa Hayatou qui dirige la CAF jusqu'à ce jour. La présidence alternée entre deux Soudanais, un Ethiopien et un Camerounais, depuis 1968, ne signifie guère la défaite du lobby égyptien au sein de la CAF. Le poste de secrétaire général de l'instance est égyptien depuis 1961. L'actuel SG de la CAN, Mustapha Fahmy, en poste depuis 1982, a succédé à son père, Mourad Fahmy, qui a occupé le poste de 1961 à 1982. Mustapha Fahmy est considéré comme «la cheville ouvrière nécessaire au fonctionnement de l'administration de la CAF». A. Y.