Le processus de privatisation lancé au milieu des années 1990 dans le cadre du passage d'une économie dirigée à une économie libérale est sans nul doute l'une des expériences qui ont le plus marqué l'économie nationale à travers ses différentes étapes. Entamée en grande pompe, l'opération a fini par être bloquée pour être relancée en 2004 avec une liste de 1 200 entreprises à vendre et être de nouveau stoppée conformément aux décisions prises par le gouvernement dans le but de sauvegarder les entreprises publiques et d'en créer des champions. Ces entreprises étaient pourtant destinées à la privatisation. Une nouvelle donne internationale a changé la stratégie économique du gouvernement. Le patriotisme économique est devenu la nouvelle devise du gouvernement. Une devise encouragée par l'avènement de la crise économique internationale. En l'espace d'une décennie, on assisté à une multitude de scénarios dans le cadre de l'opération de privatisation avec toute sa complexité et toutes ses irrégularités. En effet, on ne peut pas le nier, la privatisation a connu de nombreuses anomalies. Si elle s'est soldée par l'échec, cette opération aura permis aux bureaux d'études auxquels on a confié le suivi de la privatisation de certaines entreprises de s'enrichir. Des dépenses faramineuses ont caractérisé ce processus. Entre l'élaboration des appels d'offres dont la majorité se sont révélés infructueux, leur publication, l'expertise et les voyages consacrés aux négociations, la privatisation a coûté cher, même très cher à l'Etat pour de maigres résultats. Des responsables d'entreprises publiques destinées à l'ouverture l'ont reconnu. «Nous avons dépensé beaucoup d'argent mais nous n'avons pas trouvé preneur. On aurait pu utiliser cet argent pour importer la matière première», nous confiait le P-DG d'un groupe public spécialisé dans l'agroalimentaire. Les exemples de ce genre sont nombreux. Mais qu'en est-il réellement du bilan de la privatisation Certes, du côté du département de l'industrie, on a avancé qu'au total, ce sont pas moins de 440 entreprises qui ont trouvé preneur. Mais sur ce nombre, combien sont-elles réellement les entités économiques à avoir tiré profit de leur ouverture au privé ? Combien a-t-on créé d'emplois et qu'en est-il de l'amélioration de l'outil de production ? Ou en somme qu'en est-il du respect des cahiers des charges ? Les réponses à ces questions sont en attente. Le gouvernement qui, par le biais du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, a promis de rendre un bilan détaillé de l'opération tarde à le faire, notamment sur le coût. Car, à ce sujet, des zones d'ombre persistent et beaucoup de points ont été occultés. On a dépensé sans compter pour un processus qui n'a pas atteint ses objectifs. Or, il est certain aujourd'hui que la privatisation censée être le moteur de la croissance de l'économie nationale à travers l'émergence de structures concurrentielles ne l'est pas. Preuve en est, les exportations hors hydrocarbures continuent à être marginales et la contribution du secteur privé reste également insignifiante. La décision de lancer des enquêtes sur cette opération telle qu'annoncée par notre confrère El Watan dans le cadre de la lutte contre la corruption ne semble pas être prise au hasard. Elle en dit long. Pourvu que les résultats arrivent. S. I.