C'est dans un contexte économique mondial particulier marqué par la propagation de la crise économique et le rallongement de la liste des secteurs affectés par cette crise que les besoins de l'Algérie en matière de relance industrielle se font le plus ressentir. En effet, la chute des prix de l'or noir engendrée par la récession de l'activité en Europe, en Asie, en Amérique et en Afrique n'a fait que dévoiler la fragilité de l'économie nationale dépendante à 95% des exportations d'hydrocarbures. D'où la nécessité d'instaurer un système de production basé sur l'innovation. L'appel est lancé par les pouvoirs publics et l'occasion est également saisie par les experts pour inviter les décideurs à saisir l'opportunité pour mettre en place ce système à travers notamment le développement de l'industrie à travers ses différentes filières. Des filières menées, malheureusement, à la barque après les années d'or de la décennie 70. En effet, avant les années 80, l'Algérie avait mis en œuvre un plan d'investissement dans diverses industries lourdes avec l'objectif de créer une industrie industrialisante. Alimenté essentiellement par les ressources pétrolières, ce plan avait donné naissance à de grandes sociétés publiques, dont la majorité ont fini par disparaître, faute d'une gestion transparente et performante. Durant les années 80, la situation n'a fait qu'empirer particulièrement après le choc pétrolier de 1986. Lequel avait engendré une crise économique par la baisse des prix du pétrole et la chute des revenus des hydrocarbures. Ce qui avait poussé à l'époque les décideurs économiques à opter pour la restructuration des entreprises publiques. Et ce, à travers le processus de filialisation. Cependant, ces changements n'avaient contribué à l'amélioration de la situation de ces entités économiques ni à l'amélioration des rendements et de la productivité. Au fil des ans, les entreprises se sont détériorées financièrement. Comme solution, les pouvoirs publics ont opté pour le processus de privatisation. Une démarche rejetée au début par l'Union générale des travailleurs algériens qui a fini par se ranger aux côtés des décideurs en approuvant le projet en 2004. Lancée au milieu des années 90, la privatisation des entreprises n'a commencé à être appliquée qu'une décennie après, dans le cadre du passage de l'économie nationale du dirigisme et de la centralisation à l'économie de marché, dans le contexte du libre-échange et de la mondialisation. Mais, en dépit du consensus arraché au partenaire social, l'opération s'est soldée par un échec. Très peu d'entreprises ont trouvé preneurs. Les pouvoirs publics ont reconnu cet échec à maintes reprises et ont décidé d'opter pour une autre solution afin de booster l'industrie nationale. On parle aujourd'hui de la création de 13 nouvelles grandes entreprises ou les 13 championnes à partir des entreprises publiques déjà existantes dans divers secteurs : pétrochimie, pharmacie, sidérurgie… Dans ce contexte, le ministre en charge du secteur, Abdelhamid Temmar, a annoncé un certain nombre de mesures, notamment l'ouverture d'écoles de management de haut niveau, au nombre de cinq, pour améliorer les performances des cadres et des dirigeants. Mais pour assurer cette formation, du temps est nécessaire. Or, ça urge, l'entreprise algérienne, de manière globale, et l'entreprise industrielle ont plus que jamais besoin de compétences managériales capables de mettre en application les stratégies de développement, lesquelles ont fait défaut tout au long des décennies précédentes. Il est temps donc de mettre fin aux solutions conjoncturelles et de privilégier les programmes planifiés, étudiés et structurés basés sur les normes internationales de gestion. Il s'agit aussi de tirer les leçons de cette crise économique mondiale en jouant sur les atouts de l'Algérie.