Photo : S. Zoheir Par Nabila Belbachir LA TRIBUNE : Etes-vous satisfait des résultats de votre mouvement de protestation qui remonte à trois mois ? Dr MERABET : On ne peut dire (pour des praticiens) qu'on est content de protester à travers la grève. La contrainte étant l'absence de dialogue en amont, du côté du ministère de la Santé, et de prise en charge des revendications légitimes portées par la protestation depuis le 23 novembre 2009. On l'est par contre, syndicalement parlant, car cette situation conflictuelle a permis au SNPSP de démontrer sa représentativité, l'efficacité de son fonctionnement organique sur le territoire national, la notoriété que s'est forgée notre organisation syndicale au sein de la corporation médicale ainsi qu'au niveau de l'opinion publique. Cette situation a permis de booster la structuration au niveau de plusieurs wilayas du pays. Le SNPSSP vient d'être convié à une réunion de conciliation. Ne pensez-vous pas que c'est une façon par laquelle la tutelle compte diviser les rangs des grévistes, notamment des deux syndicats ? La meilleure des preuves à laisser en réponse, éventuellement, est de dire que cela intervient près de 2 mois de grève ouverte et d'autres actions réalisées en parfaire symbiose avec l'Intersyndicale (sit in, marches…) à Alger mais aussi à Oran, Sidi Bel Abbès, Annaba, Constantine et Ouargla. La réunion de conciliation est notre revendication car étant en conflit collectif de travail, en grève, la relation avec l'employeur est maintenue à travers la loi 90-02 du 06 02 1990 et ce cadre permet justement le retour à la table des négociations afin de discuter les points de la plateforme de revendications objet du litige. Cela m'amène à dire que le SNPSP considère positivement le fait que le ministère de la Santé soit revenu (après tant d'absence) à l'essentiel à travers une conciliation amorcée de manière décalée avec le SNPSSP tout en maintenant l'espoir de voir la même démarche proposée à la majorité. Jusqu'où compte aller le SNPSP dans ses actions ? Dans le strict respect des décisions prises démocratiquement au nom de la majorité de ses adhérents, le SNPSP ira au bout du plan d'action adopté en conseil national et entériné par l'Intersyndicale en mobilisant toutes ses capacités. Des assemblées générales se tiennent régulièrement au niveau des établissements de santé (EPSP et EPH) pour évaluer notre mouvement mais aussi faire d'autres propositions d'action à soumettre au travaux du conseil national maintenu en session ouverte depuis le 10 12 2009. Avez-vous atteint le point de non retour ? Il n'y a pas de point de non retour dans ce cas de figure (conflit collectif dans le cadre du travail). Lorsqu'on n'est pas dans la révention des crises sociales, on se retrouve face à face, séparés par une plateforme de revendications et d'actions de protestation. La législation prévoit en ces situations l'obligation de maintenir le dialogue à travers la conciliation jusqu'à l'aboutissement sur un ou plusieurs accords. C'est à la charge de l'employeur (art 17 de la loi 90 - 02) et c'est ce que n'a pas fait le ministère !!! Du moins rapidement. Les solutions existent, alors pourquoi tant de gâchis ? Y-a-t-il des contacts avec les instances internationales, à savoir le BIT et l'OIT ? Si oui, quelles ont été leurs réponses ? Dès le 19 octobre 1962, notre pays a ratifié les principales conventions de droit social avec l'Organisation internationale du travail (OIT) -une organisation rattachée à l'ONU-, principalement les conventions C87 et C98 dont découlent les lois algériennes 90-14 du 02.06.1990 régissant l'exercice du droit syndical et celle déjà citée plus haut régissant la prévention des conflits et le droit de grève. C'est dire si le SNPSP entretient et entretiendra des relations avec toute organisation syndicale, nationale ou internationale, conformément à ses statuts, considérant que ce cas de figure est prévu mais surtout clairement énoncé par la réglementation de notre pays. Le SNPSP a en effet saisi officiellement le Bureau international du travail (BIT) à travers son représentant à Alger sur la situation d'entraves au libre exercice du droit syndical et du droit de grève tout en rappelant le fait que les ministères de tutelle (santé et travail) ont préalablement et à maintes reprises été officiellement saisis par le SNPSP pour les mêmes motifs mais sans aucune prise en charge. La requête est restée à ce jour sans réponse.