Photo : Riad Entretiens réalisés par Nabila Belbachir LA TRIBUNE : La tutelle vous a invité à une réunion de conciliation, jeudi dernier. A quoi vous attendiez-vous ? Dr Yousfi : On se réjouit que les pouvoirs publics, par le biais du ministère de la Santé, aient ouvert le dialogue, après plus de sept semaines de grève, par une réunion de réconciliation demandée bien avant le début de cette action. Tout en précisant que ces réunions de conciliation ne sont pas une fin en soi, parce que ce n'est qu'une ouverture du dialogue. Il faut plusieurs réunions pour arriver à concrétiser la plate-forme de revendications. Pour nous, c'est clair, nous sommes mandatés par notre base et par le conseil national pour gérer cette grève et si on doit arriver à une fin de crise, c'est sur une base de concrétisation avec une garantie écrite des pouvoirs publics. Je rappelle que cette sortie de crise doit concerner aussi bien les praticiens généralistes que les spécialistes. Quelles sont les revendications sans lesquelles vous n'allez pas arrêter la grève ? La plate-forme est globale. Ce qu'on a mis sur cette plate-forme est le minimum en termes de revendications. Il y a d'autres points qui n'ont pas été inclus, à l'exemple du service civil qui n'est appliqué que pour les spécialistes de la santé publique sans aucun corps de la santé ni les universitaires. Les revendications se résument en quatre points : le statut particulier, le régime indemnitaire, la prime d'intéressement et le problème du logement, qui sont indissociables. Pour les quatre points, les pouvoirs peuvent les régler rapidement et sans aucun problème s'il y a une volonté politique. Pouvez-vous nous faire une évaluation de votre action de protestation qui en est bientôt à son deuxième mois ? La grève, en cours depuis le 4 janvier dernier, est illimitée et se maintient d'une manière aussi importante autour de 80% avec une détermination des spécialistes qui est de plus en plus importante, à la suite de certaines déclarations des pouvoirs publics et l'absence du dialogue. Certaines wilayas se sont structurées et ont adhéré à cette action de protestation. Y a-t-il un soutien de la part des partis politiques, de la société civile et de l'UGTA ? On n'a pas eu le soutien de l'UGTA et on n'a pas à le demander alors qu'elle ne reconnaît pas la légitimité de nos revendications. Mais beaucoup de syndicats autonomes en dehors du secteur de la santé soutiennent notre action, à savoir l'UNPEF, le CNAPEST, le NAPEST, pour l'éducation et le CNES pour l'enseignement supérieur ainsi que le SNAPAP. Aussi, il faut dire que nous avons eu le soutien des groupes parlementaires du MSP, du RCD et du PT. Sans omettre les partis politiques, à savoir le PT, le RCD et le FLN qui ont soutenu notre plate-forme de revendications. Et je rappelle que le seul qui ne s'est pas manifesté ni en tant que groupe parlementaire ni en tant que parti politique, c'est le RND. Au cas où vous auriez gain de cause, allez-vous mettre fin à la grève tout en sachant que le SNPSP n'a pas reçu d'invitation de conciliation ? Encore une fois je le redis pour des pouvoirs publics responsables, sachant que cette crise est profonde et touche tout le secteur de la santé publique, et sachant qu'il n'y pas de différence entre généralistes et spécialistes puisqu'ils rencontrent les mêmes difficultés, il n'y a aucune raison d'accepter une plate-forme de revendications d'un syndicat ou d'un autre. Et s'il y a cette volonté politique, c'est pour tous les praticiens, généralistes ou spécialistes. Notre position est très claire, la sortie de crise ne peut se faire qu'avec les deux syndicats.