Entretien réalisé par Badiaa Amarni LA TRIBUNE : Parlez-nous un peu de la gestion du risque en matière de qualité dans le monde… Christophe Renard : La gestion du risque dans le monde requiert un travail non seulement des fabricants mais également des transporteurs, de toute la chaine logistique depuis le moment où le produit est fabriqué à l'usine jusqu'au moment où il est mis dans le magasin à la disposition du consommateur. Les acteurs de cette chaîne logistique sont censés assurer que le produit garde ses caractéristiques de consommation, c'est-à-dire qu'il reste propre à la consommation. Maintenant, il existe en dessous de cette ligne des intervenants qui vont vérifier que la production et la chaîne de distribution sont conformes. Ce sont des organismes de tierces parties qui vont agir pour vérifier, prendre des échantillons, faire des inspections des audits dans l'usine, des inspections dans le port avant l'embarquement, à l'arrivée pour confirmer que le produit est toujours conforme. Et souvent ces activités sont faites pour le compte de gouvernements. C'est-à-dire que nous sommes mandatés par les autorités qui n'ont pas forcément les ressources, et nous agissons pour vérifier que la marchandise va être propre à la consommation dans le magasin. Vous avez déclaré qu'il y a beaucoup de fraude, de trafic, de produits avariés et même très dangereux dans le commerce international. Est-ce que vous pouvez nous donner une appréciation chiffrée de ce phénomène ? Je peux vous donner un chiffre de l'OMS qui dit que 50% des médicaments sur le marché du Cameroun sont des produits contrefaits. J'avance l'exemple de l'aspirine ou les médicaments contre le paludisme qui n'ont pas de principes actifs, et c'est carrément du plâtre. Donc c'est doublement grave, une personne qui consomme ce genre de produit croit se soigner alors qu'elle ne se soigne pas mais aggrave sa maladie. On a des problèmes sur les appareils électriques, les jouets, mais aussi une usurpation de certaines marques. Exemple : les piles «Panasonic» contrefaites. Une seule lettre change¨le nom en «Panasomic» avec tout le danger que cela peut entraîner sur le consommateur. Car Panasonic a ses contrôles qualité, alors que la pile issue de la contrefaçon peut exploser ou couler et provoquer des dommages. Le commerce des produits contrefaits et dangereux représente un vrai problème aujourd'hui, parce que, avec la libéralisation du commerce mondial, ces produits circulent dans tous les sens. Quelles sont, justement, les mesures prises pour faire face à ce phénomène qui prend de l'ampleur à travers le monde ? Ce sont des mesures de contrôle à l'usine avant embarquement et à l'arrivée de la marchandise. Parfois, on ne peut pas faire l'intervention à l'usine parce qu'on ne sait pas quelle usine la fabrique, mais on fait le contrôle à l'arrivée. C'est-à-dire qu'au moment où le bateau arrive au port, on fait une sorte de barrière de vérification de conformité et on va s'assurer que la marchandise est propre à la mise sur le marché. A la lumière des débats qui ont eu lieu ces deux jours, est-ce que vous pourriez nous donner votre appréciation pour ce qui se fait en Algérie en matière de contrôle de la qualité ? Je pense que l'Algérie s'est dotée de normes et d'un organisme d'accréditation avec l'IANOR notamment. Le pays est en très bonne voie. Maintenant, il faut convertir ces principes en actions concrètes avec des vérifications de conformité qui marchent. Je peux dire que c'est en très bonne voie mais on peut faire plus et, pourquoi pas, mieux. Des perspectives ou des objectifs à atteindre ici en Algérie dans ce domaine ? Oui, nous aimerions développer davantage nos prestations et vérification de conformité en Algerie. C'est un de nos objectifs de nous implanter dans le pays et d'y développer nos activités. Des rencontres ou des contacts déjà pris à ce sujet ? Oui, nous avons déjà établi un certain nombre de contacts.