Photo : M. Hacène Par Nabila Belbachir Reçus mercredi dernier par un conseiller à la présidence de la République, pour la première fois depuis plus de trois mois de grève, les praticiens et spécialistes de la santé publique semblent être dans les «petits papiers» du président de la République. «Nos appels ont été entendus mercredi par le premier magistrat du pays. C'est un point important pour nous. Nos doléances ont été bien notées par le conseiller et seront transmises a qui de droit pour leur prise en charge», ont déclaré les docteurs Lyes Merabet et Mohamed Yousfi. «C'est un pas qualitatif et nous espérons que cette démarche apportera des règlements à ce conflit socioprofessionnel», poursuivent-ils. S'exprimant lors d'un point de presse hebdomadaire tenu hier à Alger, les président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) ont annoncé que la grève est maintenue dans sa forme actuelle avec un service minimum assuré, sauf pour certaines pathologies tel le cancer où le service est élargi. Par contre il a été décidé de surseoir au rassemblement devant la présidence de la République prévu mercredi prochain et ceux également prévus à Annaba, Constantine, Oran et Ouargla. Interrogés au sujet des récentes déclarations du Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, les concernant, les représentants de l'intersyndicale affirment «l'inexistence des patriciens dans l'agenda du Premier ministre. Ce dernier ne parle qu'occasionnellement de nous». Et d'ajouter : «Il ne veut pas nous accorder d'audience, qu'il s'assume. Notre chemin se poursuit. Il ne discute qu'avec les gens qu'il veut recevoir». Dans la même logique, le Premier ministre, pour rappel, a indiqué vendredi dernier, lors d'une conférence de presse, à l'issue de la 3e session ordinaire du Conseil national du RND, qu'«un statut particulier n'est pas un costume sur mesure, il doit répondre aux normes fixées par la loi. Il y a une loi qui s'appelle statut général de la Fonction publique qui définit les normes des statuts particuliers et trois décrets présidentiels qui apportent des précisions». La réponse des porte-parole de l'intersyndicale (SNPSSP-SNPSP) a été claire : «On ne demande pas un costume sur mesure, mais la satisfaction de nos revendications socioprofessionnelles.» Ouyahia s'était également interrogé : «Est-ce une revendication syndicale que de faire la grève pendant trois mois pendant que beaucoup parmi eux (les médecins, ndlr) sont en train de se soigner ailleurs ?» «En ajoutant : «Cessons de faire les hypocrites. La voix de la contestation anarchique est toujours entendue mais on a honte de reconnaître la voix de la vérité». A ces propos, le Dr Yousfi a tenu à les dénoncer en disant que cela «signifie qu'il (Ouyahia) ne connaît pas notre dossier». Par ailleurs, le Dr Merabet a réaffirmé que les médecins grévistes réitèrent leurs appels au président de la République pour que des solutions soient trouvées à leurs revendications. Ils ont annoncé leur solidarité avec les journalistes de la radio El Bahdja qui sont en grève à cause d'un conflit socioprofessionnel. N. B. L'UNPEF réagit aux déclarations d'Ouyahia L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) réagit avec force aux déclarations du Premier ministre jeudi dernier à Alger, à l'occasion de la tenue du conseil national du RND. Ahmed Ouyahia avait accusé ouvertement les syndicalistes à l'origine du dernier mouvement de grève d'être manipulés par des partis politiques. Une politisation que l'UNPEF rejette : «Nous n'avons pas d'objectifs politiques. Nos revendications sont purement sociales et pédagogiques […] Effectivement, il y a eu des augmentations de salaires mais cela ne suffit pas. Nous avons soulevé deux autres problèmes de grande importance, en l'occurrence les œuvres sociales et la médecine du travail, et tous les deux n'étaient pas pris en charge. Ils étaient carrément ignorés. Pourtant, l'amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants et autres employés du secteur de l'éducation nationale passe nécessairement pas la satisfaction de ces deux revendications.» Un représentant de l'organisation syndicale demande que ces revendications soient réellement prises en charge, affirmant que «c'est ainsi que nous pourrions assurer la stabilité du secteur pour une décennie entière».