De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali On sait maintenant que les Oranais fréquentent de moins en moins les stades de football mais il apparaît également que même les supporters les plus accros à ce sport décrochent ces dernières années. Non seulement en raison des piètres résultats des équipes locales -le MCO vit une autre crise financière aiguë et enregistre des résultats qui risquent de compromettre la suite de son parcours, et l'ASMO continue de végéter en division inférieure- mais aussi parce que les stades algériens sont restés rigoureusement les mêmes et n'offrent aux spectateurs qui s'y risquent aucune des commodités qui font les grands stades de la planète. «Les télévisions du monde entier transmettent les images de stades spacieux, accueillants, construits pour satisfaire les spectateurs. Les infrastructures sont chères d'accès, mais l'organisation y est quasi parfaite et les spectateurs qui s'y rendent, souvent en famille, y passent d'agréables moments et, ce qui ne gâche rien, ont droit à des matches de haut niveau», explique un ancien supporter du Mouloudia d'Oran. Alors que dans les stades algériens «nous devons supporter des conditions difficiles (mauvaise organisation, parfois des bagarres, absence de commodités...) pour nous farcir une piètre rencontre entre deux piètres équipes sur une piètre pelouse. Voilà pourquoi j'ai cessé de fréquenter les stades et aussi pourquoi mon fils de 15 ans ne s'y est pas encore rendu et ne s'y rendra sans doute jamais !», ajoutera-t-il.De tels témoignages sont légion dans une ville qui a connu des moments fastes entre les années 1960 et 1980, période au cours de laquelle les Oranais avaient toutes les raisons de vouloir entrer dans un stade de football : de très bonnes équipes qui brillaient sur le plan continental, des joueurs pétris de talent qui pouvaient tenir tête aux Brésiliens de Pelé mais aussi une ambiance bon enfant qui a, aujourd'hui, complètement disparu. «Même les championnats d'antan étaient de bonne facture, se souviennent les plus anciens en évoquant les années 1980. Le stade Zabana, qui s'appelait le 19 Juin, faisait régulièrement le plein pour des rencontres entre les Oranais du MPO et de l'ASCO [anciennes dénominations du MCO et de l'ASMO] ou des équipes comme la JET [JSK], le MPA, le MAHD... Il y avait du football. D'ailleurs ce sont les joueurs de ces années-là qui ont signé les meilleures pages du football algérien.»La chute vertigineuse du niveau du football algérien (avant que l'actuelle équipe nationale n'arrache le titre de meilleure équipe africaine de 2009, selon la CAF) et le profond désordre qui s'est emparé des instances dirigeantes (à l'image du chaos qui s'est abattu sur le pays à partir des années 90) ont poussé beaucoup de jeunes talents à tenter l'aventure à l'étranger ou à se détourner carrément de ce sport où corruption, piston et bassesse ont remplacé intégrité, mérite et noblesse. En outre, l'apparition de nouveaux médias et de nouvelles technologies a permis aux jeunes de découvrir et de tester des loisirs et sports autres que le football. Le parcours des poulains de Saadane et leur qualification pour la Coupe du monde 24 ans après l'aventure mexicaine de 1986, ont, certes, réconcilié les Algériens avec le football et l'équipe nationale mais pas encore avec le Championnat national et avec les équipes dont le niveau continue de flirter avec la médiocrité. Il s'en faudra encore de beaucoup avant que les stades ne (re)fassent le plein...