D'importants partis d'opposition soudanais ont annoncé jeudi un boycottage total des élections d'avril qui devraient reconduire au pouvoir le président Omar el-Béchir, alors que l'émissaire américain tentait de sauver la crédibilité de ce scrutin miné par des accusations de fraude. “Les forces du Consensus national ont décidé de rejeter et de boycotter les élections à tous les niveaux”, a déclaré Mariam al-Mahdi du parti Umma, lors d'une conférence de presse à Omdurman, ville jumelle de la capitale Khartoum. Les quatre principales composantes du Consensus national sont le Parti Umma (nationaliste), le Parti Umma - réforme et renouveau, le Parti communiste et le Parti unioniste démocrate (DUP). Cette annonce doit encore être avalisée par chacun des partis dans des réunions internes, ont indiqué des responsables. Ces quatre formations avaient annoncé auparavant que leurs candidats à la présidentielle se retiraient de l'élection. Elles n'avaient pas précisé si ce boycottage s'appliquait aussi aux élections législatives et régionales. La Umma et les Unionistes sont les deux piliers traditionnels de la politique soudanaise. Ils avaient respectivement terminé premier et deuxième lors du dernier scrutin multipartite de 1986, avant le coup d'Etat militaire de l'actuel président Omar el-Béchir en 1989. L'opposition accuse de partialité la commission électorale et estime que le parti du président Béchir se prépare à bourrer les urnes. Les partis n'ont toutefois pas précisé jeudi s'ils participeraient aux élections législatives et aux régionales également prévues en avril. Ces retraits surviennent au lendemain de l'annonce du retrait de Yasser Arman, du Mouvement populaire de libération du Soudan (ex-rebelles sudistes) et principal rival du président Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour (ouest).