Il y a comme une prise de conscience chez une partie assez large de la famille du sport algérien en général et de celle du football en particulier quant à la nécessité d'instaurer des traditions de formation dans les clubs. Mieux vaut tard que jamais, diraient les optimistes. Plusieurs initiatives commencent en effet à prendre forme. Des initiatives porteuses de grandes ambitions, notamment celle prise par le club de Hydra, le Paradou AC. Sous le patronage scientifique de Jean Marc Guillou, l'académie du Paradou avance doucement, mais sûrement pour arriver à ses objectifs. Le chemin qu'elle doit parcourir est certes long, mais l'essentiel est visiblement fait. La machine de la formation est en marche. Ce qui fait néanmoins défaut, c'est un projet national de formation. Ni une direction technique nationale digne de ce nom ni un modèle de formation consensuel ne sont disponibles. Chacun forme selon sa perception, ses moyens et comme bon lui semble. Il est ainsi clair que les initiatives lancées ici et là commencent à faire des émules. Le personnel du football national donne l'impression de se convaincre que seul un travail de formation bien planifié est en mesure de replacer la discipline dans sa juste valeur. Mais, l'effet le plus attendu de ces initiatives peine à se produire. Les instances de décision tergiversent pour lancer le véritable chantier. Il n'est pas invraisemblable de conclure à une peur de bousculer l'ordre établi, dans la mesure où ceux qui ont mené le football algérien à cette faillite se sont tissés des réseaux qu'ils peuvent faire jouer pour bloquer tout changement positif qui risquerait de mettre en danger leurs positions et leurs statuts. Pourtant, ce que le club de Zetchi est en train de semer ne doit pas échapper aux experts du ministère de la Jeunesse et des Sports et à ceux de la Fédération algérienne de football. Premier enseignement : le travail de base ne relève pas du domaine de l'impossible en Algérie. Il suffit seulement d'être convaincu et adepte du travail de longue haleine. L'initiative du PAC est unique en son genre et elle mérite non seulement une attention particulière, mais également de servir d'exemple à encourager et à rééditer, autant de fois qu'il le faudra. Remarquons cependant que nous sommes bien dans une situation où les rôles sont étrangement inversés. Ce ne sont pas les instances qui instruisent les clubs sur la nécessité de mettre en place des programmes de formation, mais c'est plutôt des initiatives venant de clubs qui stimulent les instances. On peut aisément imaginer la gêne qui habite les responsables successifs de la fédération et les présidents de club en poste depuis une décennie en constatant qu'un club âgé de moins de 15 ans s'est doté d'une académie de football. A défaut d'un projet propre à elle, la FAF a la responsabilité de fédérer tous les efforts qui se déploient dans les différents clubs. Le premier acte à accomplir est d'instaurer une autorité technique nationale qui aura pour mission de mettre en place un modèle de formation consensuel qui réponde aux caractéristiques du footballeur algérien. La conscience qui émerge dans certains îlots du football national doit être capitalisée par une structure regroupant de vrais connaisseurs, des facteurs générateurs de performances dont l'apport et l'action permettraient d'anticiper, voire d'éviter les échecs. Mettre en place un modèle de formation national servira essentiellement à capitaliser et faire fructifier toutes les expériences lancées ici et là. Et si, a priori, l'initiative de l'académie de football du PAC suscite plus d'engouement et d'admiration, ce n'est pas parce que les autres manquent d'intérêt. Mais c'est parce que la méthode appliquée par le technicien Jean-Marc Guillou, qui concentre la curiosité des amoureux de la balle ronde, enregistre des résultats probants et dans un temps relativement court. L'intérêt de cette nuée d'initiatives ne sera jamais optimalisé sans une structure qui dirigerait un plan de formation national. Sans cela, les efforts qui sont fournis ici et là risquent de ne donner que des résultats dont les apports seront malheureusement limités. D'où l'urgence d'encadrer et d'accompagner toute cette dynamique de formation. Car, en vérité, il ne s'agit pas de former un noyau de jeunes. Mais il s'agit plus d'instaurer des structures de formation d'envergure nationale, qui bénéficieraient des moyens nécessaires de la part des pouvoirs publics. Les clubs qui viennent de prouver qu'ils sont plus soucieux de la formation que la fédération et le ministère, doivent également s'appuyer sur la remarquable adhésion de l'opinion qui ne rate pas la moindre occasion d'assister à un match entre benjamins ou cadets. Ce qui se passe chaque jeudi après-midi au stade d'Hydra est un véritable phénomène de société. Ils sont en effet quelque 8 000 personnes à s'entasser dans l'exigu stade de la municipalité pour voir à l'œuvre aussi bien les «académiciens» que les enfants de l'école du Paradou. Les amoureux du football semblent irrémédiablement faire leur choix. Ils sont en effet plus nombreux à se déplacer pour assister à une rencontre de cadets que ceux qui choisissent un match de première division, dont la qualité du spectacle offert laisse souvent à désirer, cela sans parler des risques de dépassement et de violence, devenus légion dans nos stades. La décantation semble bel et bien opérée. Des dirigeants -au nombre certes encore modeste-, ont fait leur choix. Le public donne l'impression d'adhérer. Seul le sommet de la hiérarchie, l'essentiel, reste encore à la traîne. A. Y.