Au moment où l'on évoque la nécessité de s'adapter aux normes internationales en matière de gestion et de management, on annonce le report de la mise en œuvre du Nouveau Plan comptable national (NPCN). C'est le paradoxe. Annoncé en grande pompe, ce dispositif dont l'adoption par le Parlement remonte à octobre 2007 (publication du décret dans le Journal officiel du 25 novembre 2007) ne sera pas appliqué en 2009 comme prévu initialement mais en 2010, soit une année plus tard. La décision émane du ministère des Finances. Le directeur général des impôts, M. Abderhamane Raouia, l'a rendue publique hier dans un point de presse consacré aux dispositifs de la loi de finances complémentaire (LFC) 2008. Pourquoi ce report et pourquoi l'annoncer à cinq mois de la fin de l'année 2008 et donc de la date initiale de son entrée en vigueur ? Selon les explications fournies par le représentant du ministère des Finances, les opérateurs ne sont pas prêts pour l'adoption de ce plan inspiré des standards internationaux de comptabilité financière et qui est censé remplacer celui en vigueur depuis 33 ans (1975). En d'autres termes, ces opérateurs ne sont pas prêts à la transparence. Car il s'agit de renforcer la transparence et la fiabilité dans les comptes au niveau des entreprises à travers l'application du NPCN. Et dire que des sommes faramineuses ont été dépensées pour préparer les entreprises au changement et à la modernité. Le NPCN a, en effet, coûté au Trésor public 45 millions de dollars. Aussi, beaucoup de choses ont été dites sur ce plan censé toucher près de 250 000 sociétés de manière progressive. Le NPCN a fait l'objet de multiples critiques de la part des experts qui ont évoqué l'absence de concertation dans l'élaboration du texte. Certains ont souligné l'inopportunité des règles comptables à l'heure actuelle alors que d'autres ont exprimé à maintes reprises des doutes sur la capacité du gouvernement à tenir son engagement d'appliquer le nouveau plan comptable, connaissant la complexité du dossier. Entre le discours rassurant des officiels et la réalité du terrain, il y a un fossé. Pourquoi avoir précipité les choses en annonçant l'application pour janvier 2009 sans jouer d'abord sur la formation ? Les spécialistes l'ont d'ailleurs souligné : «Les formateurs devant former les professionnels de la comptabilité ne sont pas prêts.» Il en est de même pour les universités. Certes, la création d'un institut national de la formation des experts-comptables est au programme du gouvernement. Mais il aurait fallu d'abord commencer par cette étape avant d'annoncer l'application des nouveaux textes. On a finalement mis la charrue avant les bœufs. Ce qui explique toute cette cacophonie. S. I.