On en parlait depuis longtemps. Tout le monde est à présent unanime sur l'impérative professionnalisation du football algérien. La FAF, les présidents de clubs et les pouvoirs publics se sont, maintes fois, accordés à dire que le développement et la compétitivité du ballon rond national sont intimement liés à l'adoption des méthodes et des standards qui prévalent dans les grandes nations du foot. Les critiques et les observateurs sont également d'avis à exiger des comptes aux managers qui, actuellement, usent et abusent de subventions publiques et de recettes publicitaires se chiffrant en milliards de dinars. L'option fait incontestablement le consensus. Aider les sociétaires de l'élite nationale à se constituer en entreprises revient évidemment à mettre toutes les formations devant leurs responsabilités. A partir de ce moment, les clubs cesseront d'être des gouffres financiers. Ils deviendront à moyen terme des contribuables. L'aide de l'Etat ira ensuite aux amateurs et aux formateurs. La présidence de la République, qui accorde un intérêt particulier au secteur de la jeunesse et des sports, s'est engagée à mettre tous les moyens nécessaires à disposition pour le renouveau de cette discipline qui compte des millions de fans à travers le pays. La maturité passe évidemment par cette inévitable restructuration. Afin d'accélérer l'avènement de ce championnat professionnel algérien, l'Etat vient d'annoncer de louables mesures d'accompagnement : un prêt de 100 millions de dinars avec en bonus un taux d'intérêt symbolique et une période de grâce de 10 ans, une concession d'un terrain pour l'édification d'un centre d'entraînement qui sera, à son tour, financé sur les derniers publics à hauteur de 80%. On ne peut rêver plus ! La démarche a, en effet, de quoi charmer nos clubs qui se morfondent dans la médiocrité et le bricolage depuis des décennies. Pour preuve : notre équipe nationale est constituée à 90% de joueurs expatriés qui évoluent essentiellement dans les ligues professionnelles d'Europe. Le sélectionneur national peine à trouver sur place ne serait ce que de bonnes doublures pour étoffer son effectif en prévision du mondial qui commencera dans un mois en Afrique du Sud. Saisissant l'importance de cette initiative présidentielle, Mohamed Raouraoua, le président de la FAF, parle de «conjoncture favorable pour le décollage du football algérien» et incite tous les acteurs intéressés à saisir cette grande opportunité pour, ajoute-t-il, «mettre notre sport sur les bons rails, élever son niveau pour de nouvelles conquêtes au niveau national et international». Même si les responsables des clubs, principaux concernés, n'ont pas encore réagi à cette offre, il convient de souligner que l'on ne peut plus fonctionner sur un mode qui a largement prouvé son inefficacité. C'est-à-dire puiser éternellement dans le trésor public pour maintenir le statu quo. Tôt ou tard, les présidents de clubs seront amenés à moderniser leur management et à s'inscrire dans la modernité. Alors, autant le faire maintenant. «Mieux vaut prendre la changement par la main avant qu'il nous prenne par gorge», disait un sage. Ceci est aussi valable pour toutes les autres sphères d'activité. K. A.