Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Louisa Hanoune est longuement revenue hier sur la loi de finances complémentaire 2009 dont elle est un fervent défenseur. C'était à l'occasion de la réunion des cadres des wilayas du centre du pays de son parti. Cela non sans mettre en garde contre sa réversibilité s'il y a des convulsions, des pressions intérieures ou extérieures. C'est la raison pour laquelle elle a appelé à l'instauration de passerelles entre l'Etat et le peuple. D'autre part, la secrétaire générale du Parti des travailleurs n'a pas caché sa satisfaction quant au retrait des entreprises publiques du Forum des chefs d'entreprise (FCE), estimant qu'une organisation ne peut pas comprendre des entreprises privées et publiques car elles n'ont pas les mêmes intérêts. «D'abord, le FCE est contre la loi de finances complémentaire, tout comme l'Union européenne et les Etats-Unis.» La première citée, estime l'oratrice, est en pleine crise et ses pays ont besoin de marchés extérieurs pour écouler leurs marchandises. La Belgique risque d'être morcelée en trois. Tout cela en raison des directives de l'Union européenne contre la volonté des populations des pays qui la composent. Toujours à propos de l'Union européenne, mais en citant l'accord d'association, Louisa Hanoune rappelle la décision de l'Algérie de revoir le document, non sans se demander pourquoi elle ne s'émanciperait pas de l'UE qui «nous a ruinés». Revenant au FCE, elle dira que les entreprises adhérentes devront rendre compte de l'utilisation de l'argent qu'elles ont perçu des banques. Elle rappellera que 60% des crédits ont été alloués au patronat. Mme Hanoune exprimera sa satisfaction quant à l'aide apportée par l'Etat aux entreprises publiques qui ont bénéficié d'une enveloppe de l'ordre de 360 milliards de dinars. «C'est normal, dira-t-elle, l'argent public pour le secteur public et l'argent privé pour le secteur privé.» Toujours sur le plan économique, la porte-parole du PT commentera les dernières mesures du Conseil des ministres tenu la semaine dernière. A commencer par le commerce et les amendements projetés des lois sur les pratiques commerciales et la concurrence. Le Parti des travailleurs estime en effet qu'elles restent insuffisantes pour lutter contre la spéculation, dès lors que le département de Djaaboub a recensé 9 000 importateurs qui ne sont que des prête-noms. La seule solution réside dans le retour au monopole de l'Etat sur le commerce interne, ne serait-ce que de manière provisoire. A propos du projet de loi relatif au foncier agricole, Mme Hanoune dira que le Conseil des ministres a mis fin aux voix politiques disant que les terres n'allaient pas être confisquées ou encore que le texte permettait aux étrangers de postuler à la concession, des ballons-sondes et des rumeurs visant justement à les faire admettre. «Que ces latifundiaires se gargarisent d'eau glacée», lancera-t-elle, comme pour signifier la victoire des agriculteurs. Cependant, le Parti des travailleurs émet des réserves quant à la contractualisation des hôpitaux «parce qu'elle pourrait porter atteinte à la gratuité des soins». Par ailleurs, elle trouvera scandaleuse «l'importation» de médecins chinois, alors que l'Algérie regorge de compétences reconnues dans le domaine de la médecine. A propos des médicaments, elle rappellera les mesures prises par le gouvernement interdisant l'importation de ceux dont l'équivalent est produit localement. Elle s'interrogera tout de même sur la délivrance des dérogations pour certains importateurs. La secrétaire générale du PT n'omettra pas de revenir sur les derniers mouvements de grève ayant touché la cimenterie de M'Sila, les chemins de fer et ArcelorMittal. Elle apportera le soutien inconditionnel de son parti aux travailleurs de ces entreprises, non sans dénoncer de manière virulente le recours systématique à la justice pour déclarer illégal tout mouvement de grève : «C'est de l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques et une confiscation des droits des travailleurs.» Elle ne manquera pas de s'attaquer de nouveau à ArcelorMittal qui n'a pas rendu compte de l'application de son cahier des charges en matière d'investissements. «D'ailleurs, elle n'a pas versé un seul centime, tout comme Djezzy ou la cimenterie Lafarge de M'sila.» Elle appellera à la nationalisation de ces entreprises. Anticipant quelque peu sur la loi de finances complémentaire de l'année en cours, elle dira qu'elle devra prendre en charge les revendications des travailleurs et des retraités. «C'est au Trésor public de suppléer aux entreprises lorsque leurs caisses sont en difficulté.» Tout en soulignant par là même que les travailleurs veulent, et c'est leur droit, leur part des richesses nationales. Concernant les augmentations de salaires faisant suite à la signature des conventions de branches, elle dira que c'est une bonne chose, parce que cela consacre l'esprit de la négociation. Toutefois, ces augmentations butent encore sur l'article 87 bis. «Qu'est-ce qui empêcherait le ministre du Travail de le geler en attendant la promulgation du code du travail ?» s'interroge-t-elle A propos de ce dernier, elle mettra en garde contre des dispositions qui pourraient attenter au droit syndical et consacrer la flexibilité de l'emploi. Ce qui aurait pour conséquence l'exploitation des travailleurs et la remise en cause du droit à l'exercice syndical. Et comme la journée d'hier était celle de la commémoration du 62e anniversaire de la Nekba en Palestine, Louisa Hanoune n'en fera pas l'impasse. Elle fera part de la récente initiative relative à la création d'une instance nationale palestinienne pour la défense des droits constants, œuvrant pour la libération de toute la Palestine et le retour des réfugiés.