Enfin ! Heureux même que les pouvoirs publics se soient finalement résolus à encadrer plus sévèrement l'obtention du permis de conduire. Surtout, à «rationaliser» davantage la conduite sur les routes, parfois follement irrationnelle, par trop téméraire, et souvent dangereuse. Parfois, pour ne pas dire plus souvent, hélas !, criminelle, de chauffeurs algériens qui se transforment sur le bitume en vulgaires… chauffards ! Les statistiques officielles sont à ce propos tristes et implacables : 1 968 morts et 29 200 blessés au cours du seul semestre de 2008 ! Des morts et des blessés de trop et des chiffres record… On ne le dira et on ne le répétera jamais assez, la route tue en Algérie un peu plus, beaucoup trop même, que le… terrorisme. Bien sûr, comparaison n'est pas raison et les pulsions du chauffard ordinaire algérien, qui peut être votre voisin de palier, ne sont en rien comparables aux stimuli criminels de psychopathes islamistes aux systèmes pileux généreux et à l'argument «religieux» forcément facile et naturellement fallacieux… Par définition, un chauffard, quel que soit le préjudice de son forfait routier, n'est donc pas un terroriste potentiel ou réel. Il ne peut l'être même si, par commodité de langage, on peut parler de terroriste de la route, sur la route, qui ne dit pas son nom. Et c'est un lieu commun que de dire que l'inconduite autoroutière et incivique des conducteurs algériens, souvent le fait d'hommes et non de femmes qui ont le sens civique plus aiguisé, relève le plus souvent d'un nihilisme moral dont la traduction est exprimée par ailleurs dans les menus gestes du quotidien. L'Algérien, au sens bisexuel du terme, qui a perdu moult de ses repères moraux, qui ne sait plus d'autre part quel sens conférer au «vivre ensemble», au bien commun et, surtout, au bien-être commun, a souvent recours à l'accélérateur de sa berline comme d'autres useraient d'un exutoire, d'un dérivatif, d'une échappatoire, voire d'une logique de vengeance sociale et d'une compensation psychologique. Pour autant, l'Algérien, qui a perdu le sens du respect des lois, donc du code de la route, et qui applique aux autres et s'applique à lui-même le code bien algérien du «tag âla men tag» (écrase l'autre qui le peut), n'est pas génétiquement déterminé à être sur la route un «terroriste mécanique». Pour qu'il ne le soit pas, «à l'insu de son plein gré» ou à son corps défendant, l'Etat régulateur et vigilant, garant du risque et de la tolérance zéro, doit rendre moins facile l'obtention du permis de conduire et l'accès à la possession d'une voiture, facilité ces dernières années par le crédit-auto, aussi aisé à décrocher qu'une baguette de pain chez son boulanger ou un paquet de clopes auprès de son marchand de tabac. Il s'agit donc de réguler, de rationaliser et de niveler par le haut. Ce serait d'ailleurs antipopulaire et antidémocratique. Il serait plus judicieux alors d'instituer, par exemple, comme ailleurs, un permis à points et une période probatoire pour les apprentis conducteurs, ainsi que des éthylotests réguliers sur la route et des radars sur les routes à grande circulation. Et, enfin, et surtout, de punir plus sévèrement les chauffards, qui sont des délinquants dangereux, dont la nuisance ne doit rien au légendaire «mektoub» algérien qui excuse tout, même la mort préméditée sur les routes. N. K.