L'accord d'association avec l'Union européenne n'a pas atteint ses objectifs. Il est resté strictement commercial. C'est connu. L'Algérie n'a guère profité de cet accord ni en matière d'investissements ni en ce qui concerne la libre circulation des personnes. Les résultats positifs de cet accord se font donc attendre par l'Algérie qui cherche à rééquilibrer la situation. Pour cela, elle n'a pas raté la 5ème réunion du conseil d'association tenue hier à Luxembourg pour exprimer son insatisfaction devant son partenaire européen. Le ministre des Affaires étrangères qui a conduit la délégation algérienne à Luxembourg pour cette réunion a bien saisi l'occasion en demandant que «la libre circulation des marchandises puisse s'accompagner d'une meilleure dynamique d'investissement et d'une meilleure mobilité des personnes». Ce qui dérange surtout, c'est que cette libre circulation des marchandises conjuguée à une libre circulation des marchandises arabes conformément à l'accord de la Zone arabe de libre-échange (ZALE) et une arrivée en masse des produits asiatiques en Algérie se fait dans un seul sens. Le marché national, tous produits confondus, se retrouve submergé de produits venant concurrencer la production nationale qui ne s'est pas préparée à cette ouverture tous azimuts. Nos ports enregistrent régulièrement l'entrée en masse des produits européens, arabes et asiatiques sans pour autant être le point de départ de nos produits vers ces régions. En d'autres termes, l'Algérie est devenue au fil des ans, depuis l'ouverture progressive du marché, un dépotoir. Si la quantité y est, la qualité n'y est pas. Ce qui représente un danger pour le consommateur algérien que son faible pouvoir d'achat pousse souvent à se rabattre sur ces produits cédés pour la majorité d'entre eux à bas prix sur le marché informel. En ce qui concerne les échanges avec l'Europe, c'est bien de demander le réaménagement du calendrier tarifaire dont le démantèlement à 100% est prévu en 2017 et c'est bien aussi que l'UE réponde positivement à cette demande. En attendant que le nouveau calendrier soit arrêté, il reste à espérer que cette révision sera profitable à l'Algérie qui est appelée à ne pas perdre encore de temps dans la construction d'une économie productive capable de freiner l'invasion de la production européenne. Il ne faut pas oublier l'erreur commise d'avoir mis la charrue avant les bœufs en concluant l'accord d'association avec l'UE et en adhérant à la Zone arabe de libre-échange sans mettre à niveau ses entreprises. La révision du calendrier tarifaire ne servira à rien si on ne retient pas les leçons et si on ne profite pas pleinement de l'argent dégagé dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 pour la mise en place d'un système de production efficace. S. I.