En diffusant des images de reconnaissance israéliennes du site de l'assassinat de Rafic Hariri, prises avant le drame, Hassan Nasrallah lance un message d'une importance capitale : Israël est un élément important dans l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre. Les images diffusées à l'occasion de la conférence de presse de Nasrallah ont été interceptées par la résistance. Et «quand on prend ce genre d'images, c'est généralement une introduction pour l'exécution d'une opération». Les images montrent les routes proches du Parlement au centre-ville de Beyrouth, de la résidence de Rafic Hariri, ainsi que celle longeant le front de mer, près duquel ce dernier a été assassiné le 14 février 2005. Nasrallah a dit qu'il ne s'agissait nullement de preuves sur une implication d'Israël dans le meurtre, mais des données et indices qui pourraient «servir à parvenir à la vérité». Une liste d'espions libanais au profit d'Israël, arrêtés depuis 2009, a été présentée. Certains ont reconnu avoir surveillé des personnalités politiques libanaises de haut rang pour le compte des services israéliens. Nasrallah a accusé Israël de tenter coûte que coûte d'impliquer le Hezbollah dans ce meurtre. Une vidéo est présentée, où un agent israélien reconnaît avoir dit au personnel de sécurité de Rafic Hariri que le Hezbollah «préparait son assassinat». Nasrallah dit ne pas avoir confiance dans le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), dont le travail demeure très orienté politiquement. «Nous ne faisons pas confiance à ce Tribunal, mais nous sommes prêts à donner ces éléments au gouvernement libanais qui décidera» s'il les donnera au TSL ou pas. «Si le TSL les ignore, cela prouvera qu'il est politisé.» Nasrallah a donné des éléments de preuve qui démontrent la surveillance continue par les Israéliens de personnalités libanaises. Des agents recrutés par Israël ont reconnu avoir mené des opérations de surveillance et d'avoir facilité l'entrée d'équipes de commandos israéliens au Liban. La présence de l'un d'eux, Ghassan El Jed, sur la scène de l'assassinat reste particulièrement intrigante. Au moment où le Tribunal international s'apprête à accuser le Hezbollah dans l'assassinat de Hariri, Nasrallah se devait, au risque de griller ses propres techniques de contre-espionnage, de réagir et d'apporter des éléments tangibles au dossier. Un groupe de hauts responsables syriens a été entendu. Quatre généraux libanais ont été mis en détention avant d'être libérés, les témoignages se sont révélés faux. Une question demeure en suspens : comment l'accusé, après avoir été pendant longtemps la Syrie, est devenu tout d'un coup le Hezbollah ? La volonté de certaines parties de créer une sédition confessionnelle au Liban n'est plus à démontrer. La tentative d'assassinat de Nabih Berri, président du Parlement libanais, devait suivre celle de Hariri. Objectif : une destructrice guerre civile entre sunnites et chiites au pays du cèdre. La diabolisation du Hezbollah devait également fournir un prétexte à une frappe israélienne, prélude au lancement de l'agression contre l'Iran. M. B.