Photo :Riad Par Karima Mokrani Dans un mois exactement, les établissements scolaires à travers le pays ouvriront leurs portes à près de 8 millions d'élèves. Ces derniers appréhendent d'ores et déjà la rentrée. Ce n'est pas à cause de cette histoire du port obligatoire de la blouse (blanche et rose pour les filles et bleue pour les garçons) puisque celle-ci, contrairement à l'année dernière, est disponible en grandes quantités sur le marché. C'est le changement induit par l'adoption du week-end semi-universel qui suscite des inquiétudes. Un changement qui a imposé un emploi du temps des plus contraignants pour les enfants, dans les trois paliers de l'enseignement. «C'est fatigant, trop chargé, nous ne pourrons pas continuer à ce rythme», disent des élèves «blâmés» par leurs parents pour la baisse de leurs résultats scolaires. «J'arrive à la maison sans force. Je ne cherche qu'à dormir. Comment veux-tu que je m'arrange pour trouver du temps pour les révisions ?» lance, sur un ton coléreux et craintif, un élève de 1re année moyenne à sa tante qui ne lui remet pas son cadeau de réussite à l'examen de fin de trimestre. Elle juge sa moyenne faible et elle le lui dit clairement. Une frustration que l'enfant vit très mal à tel point qu'il refuse toute communication avec ses parents et sa tante. «Il a eu un zéro en éducation islamique. Il a remis une feuille blanche […] Je ne comprends pas ce blocage dans une matière qui, habituellement, ne lui fait jamais peur», s'inquiète la mère. L'inquiétude de cette femme est d'autant plus grande que l'enfant est considéré comme l'un des meilleurs élèves de son âge : «Il obtient toujours les meilleures moyennes en mathématiques et en français. Il connaît des choses que je ne connais pas […]» Des enseignants évoquent le mot «surmenage». C'est là la réponse cherchée par la mère désespérée. En effet, soutiennent-ils, l'adoption du week-end semi-universel a tout chamboulé ; l'emploi du temps adopté – la formule diffère d'un établissement à un autre - n'arrange pas les enfants. «Ça mène droit au surmenage», préviennent les enseignants quoi que, en ce qui les concerne directement, ça ne pose pas de problème. «Moi, en tant qu'enseignant, ça ne me dérange pas. Peut-être même que ça m'arrange du moment que j'ai deux jours complets pour me reposer et m'occuper de mes affaires personnelles […] Je pense toutefois que, pour les enfants, c'est un problème. Un sérieux problème auquel il faut trouver une solution dans les plus brefs délais», affirme l'un d'entre eux. Parallèlement à l'annonce de ce changement, ayant accompagné l'entrée en vigueur du week-end semi-universel, le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a lancé l'idée de réduire la durée du cours à 45 mn au lieu de 60 mn. Une manière de rationner le volume horaire tant décrié par les élèves et leurs parents. La suggestion du représentant du gouvernement a été bien accueillie par le corps enseignant surtout qu'en termes d'argent cela ne devrait pas se répercuter sur le salaire. «Est-ce qu'on sera payé pour le cours de 45 mn de la même façon qu'on est payé pour celui d'une heure ?» avait demandé un représentant d'un syndicat autonome. Le ministre avait répondu oui. Puisque c'est ainsi, le syndicat a donné son accord. D'autres ont fait de même. Reste que pour la concrétisation de cette nouvelle idée, les choses ne semblent pas faciles. Il faut tout un débat, toute une étude. «C'est juste une idée. Nous allons la mûrir», a déclaré le ministre à ses interlocuteurs parmi les syndicats auxquels il a demandé de faire leur évaluation. Le projet a été reporté pour cette année. Interrogés sur la question, des syndicats se montrent pessimistes. «Rien n'est officiel» affirme un représentant de l'UNPEF (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation). «Aucune étude n'a été faite», lance Meziane Meriane, porte-parole du SNAPEST (Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique). C'est pourtant nécessaire pour que les élèves soient fixés en ce qui concerne leur programme de révisions à domicile. «Il faut absolument aller vers un allègement du programme. L'enfant a besoin de s'amuser, de respirer. Il ne faut pas qu'il soit sous pression» plaident des enseignants et des parents d'élèves.