Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia Près de 150 milliards de dinars ont été consacrés à la promotion de la petite et moyenne entreprise, à travers la réalisation de zones industrielles, durant le prochain quinquennat. La décision d'allouer un tel montant est prise lors du Conseil des ministres, tenu le mois de mai dernier. Le développement industriel mobilisera aussi plus de 2 000 milliards de DA de crédits bancaires bonifiés par l'Etat pour la réalisation de nouvelles centrales électriques, le développement de l'industrie pétrochimique et la modernisation des entreprises publiques. Ces décisions renseignent à quel point le développement du tissu industriel national revêt une grande importance au niveau de l'Etat. Le premier magistrat du pays a même mis l'accent sur cet aspect en indiquant qu'après avoir œuvré dix années durant à améliorer le quotidien des citoyens dans tous les domaines et permis au pays, essentiellement grâce à la dépense publique, de faire reculer fortement le chômage et de maintenir un important taux de croissance hors hydrocarbures, «il est nécessaire, aujourd'hui, de faire un autre saut qualitatif en poursuivant, bien sûr, le développement social et la modernisation des infrastructures, mais en valorisant davantage les capacités productives et notre potentiel économique». Développer l'industrie et préparer l'après-pétrole L'Algérie est, aujourd'hui, confrontée à un défi important : diversifier davantage son économie pour échapper aux fluctuations du marché pétrolier international et aux aléas des productions agricoles, mais surtout préparer l'après-pétrole. Ces objectifs ont été exprimés à travers les différents programmes de relance de la croissance mis en place depuis quelques années. Si l'arsenal juridique est mis en place dans les différentes lois de finances, avec à la clef des mesures de plus en plus incitatives et encourageantes, des outils pour encourager et faciliter l'investissement dans les secteurs stratégiques, ainsi que des fonds de soutien à l'investissement ont été également institués. Mieux, le gouvernement a mis en place un programme de développement de la compétitivité industrielle qui consiste en la conduite d'une nouvelle démarche d'accompagnement du secteur productif. Ce fameux programme est appelé stratégie industrielle. Depuis peu d'années, les pouvoirs publics ont, en effet, lancé la nouvelle stratégie industrielle qui devrait être fondée sur des filières lourdes. La nouvelle stratégie est basée notamment sur le développement des filières de la pétrochimie notamment les engrais, l'agroalimentaire, les matériaux de construction, les industries électroniques, pharmaceutiques et mécaniques, l'industrie automobile et les Technologies de l'information et de la communication (TIC). Toutefois, celle-ci est accompagnée de politiques d'appui à l'innovation, de promotion des nouvelles technologies et de création d'une capacité d'intelligence économique, et enfin la création des champions économiques. La pétrochimie et l'agroalimentaire en ligne de mire En occupant le troisième rang parmi les pays producteurs de pétrole en Afrique et le douzième rang dans le monde, l'Algérie recèle d'énormes réserves énergétiques. Toutefois, certains segments de ce secteur, au demeurant névralgique pour l'économie algérienne, restent toujours sous-exploités. En effet, le sous-sol algérien recèle une très grande variété de minéraux tels que les phosphates, le minerai de fer, le zinc, l'uranium, l'or, le tungstène, les diamants et les pierres précieuses. Au total, plus d'une trentaine de substances en attente d'une véritable exploitation. Dans ce sillage, afin de développer son industrie notamment la pétrochimie, le secteur a connu la réalisation de grands projets de pétrochimie de base, d'unités de liquéfaction, ainsi que la réhabilitation de l'outil de raffinage et son expansion afin de répondre, en particulier, à la demande du marché intérieur en carburants. «Nous devons exploiter rationnellement notre potentiel minier pour ce qu'il offre comme emplois, ce qu'il générera comme activités en aval, et ce qu'il représentera comme apport à nos exportations», a déclaré le chef de l'Etat lors de l'audition de son ministre de l'Energie, le mois de Ramadhan passé. L'un des principaux moteurs de croissance de plusieurs économies mondiales, l'industrie agroalimentaire commence à faire parler d'elle depuis quelques années. Notamment avec la création de grandes usines telles que le groupe Cevital (huile, sucre…). Cependant, des insuffisances existent toujours dans les domaines de la transformation, de la conservation, de la valorisation et de la vente. Là, les experts estiment qu'une expérience internationale et un transfert technologique sont primordiaux ; faute de quoi l'Algérie sera toujours parmi les premiers… importateurs mondiaux de plusieurs produits. Et dans ce sens, les chiffres parlent d'eux-mêmes : les principaux produits alimentaires importés par l'Algérie en 2009 sont les céréales (40%), le lait et dérivés (15%), le sucre (10%), le café et le thé 4%, les légumes secs 4%, et enfin les viandes avec 3%. Et afin de diminuer notamment la facture des produits agroalimentaires importés, le développement du secteur agroalimentaire ne peut se faire sans une véritable jonction entre le secteur de l'industrie de transformation et le monde agricole. D'où la nécessité d'élargir la concertation et de mettre en place une synergie entre les différents acteurs. Les étrangers préfèrent le secteur industriel Les investisseurs étrangers préfèrent vraisemblablement investir dans le tissu industriel. Les chiffres de l'Agence nationale de développement des investissements (ANDI) montrent que pour la période 2002-2009, sur la répartition des investissements étrangers déclarés à l'Agence, le secteur de l'industrie se taille la part du lion en termes, aussi bien du nombre de projets déclarés que du montant investi. En effet, durant toute la période 2002-2009, le nombre de projets déclarés étrangers à l'ANDI était de 694 projets pour une valeur totale de plus de 168 millions de dinars. 387 projets sont déclarés dans le secteur de l'industrie, soit plus de 55% des projets étrangers. La valeur des investissements étrangers du secteur industriel est aussi importante que le nombre. Le montant des investissements étrangers dans le secteur de l'industrie est estimé par l'ANDI à plus de 88 millions de dinars, soit plus de 52% du montant global. Ces chiffrent montrent l'intérêt porté par les étrangers au développement de notre tissu industriel tous azimuts. Une occasion pour les entreprises algériennes de tirer profit de l'expérience des multinationales et leaders mondiaux. Surtout qu'à présent, tout projet d'investissements étrangers doit se faire en partenariat avec la partie algérienne.