Photo : S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Sur les 180 000 exploitants agricoles concernés par la mesure d'effacement de la dette contractée par les agriculteurs auprès des banques, annoncée par le président de République à l'occasion de la tenue des assises sur l'agriculture au mois de février 2009 à Biskra, 77 919 d'entre eux ont bénéficié de cette opération. A ce jour, l'opération a déjà permis d'effacer près de 37 milliards de DA sur les 41 milliards représentant le montant global de la dette concernée par cette mesure. C'est du moins ce qu'a tenu à préciser Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural lors de son intervention jeudi dernier à l'APN sur cette mesure. Ce dernier a, par ailleurs, rappelé en marge de la session plénière consacrée aux questions orales que les dossiers en instance continuent d'être traités au niveau du ministère des Finances. Le ministre a tenu, en outre, à préciser que cette mesure «concerne uniquement les agriculteurs qui connaissent des difficultés financières en raison de plusieurs facteurs notamment la sécheresse et non pas les investisseurs». Et d'arguer dans la foulée sur ce point. «Ces derniers bénéficient d'un soutien de l'Etat. Ils sont inscrits au dispositif Syrpalac (système de régulation des produits de large consommation)». D'autant plus que cette mesure d'effacement de la dette vise «des soutiens financiers couvrant plusieurs filières agricoles», a précisé Rachid Benaïssa. Notons toutefois que le gros de la troupe des agriculteurs bénéficiaires jusqu'ici d'un apurement immédiat sont ceux ayant contracté un crédit auprès de la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR), dans l'attente du reste de la troupe, créditeurs auprès de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA). Il convient de rappeler également que cette mesure a mis du temps pour être appliquée sur le terrain. En effet, plus de six mois après son annonce, le ministère des Finances prend l'initiative de traiter les dossiers de façon effective. S'en est suivie une longue durée de traitement des dossiers. Du côté du ministère de l'Agriculture et du Développement, on a invoqué comme raison de cette lourdeur dans le traitement des dossiers, le fait que l'opération en question a buté sur les modalités pratiques. Et pour preuve, au lendemain de l'annonce de l'effacement de la dette des agriculteurs, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural s'est vite attelé à établir les listes des agriculteurs ayant des dettes, aidé dans cette opération de recensement par les chambres régionales de l'agriculture. Et après concertation avec l'UNPA, il a été enfin possible de dresser des listes exhaustives sans pour autant donner d'autres indications à propos de la nature de la dette contractée par chacun des noms portés sur les documents de recensement. Un indice d'autant plus important dans la mesure où il permet un traitement rapide du dossier du fellah concerné par l'opération. Mais malheureusement ça n'a pas été le cas puisqu'au lendemain de l'annonce du président de la République, le ministère de l'Agriculture et l'UNPA se sont avant tout contentés de dresser des listes «brutes». Une lacune que le ministre des Finances s'est vu contraint de combler d'après les témoignages de certains cadres du ministère des Finances chargés du traitement des dossiers des agriculteurs. En clair, le dossier de chaque fellah endetté devait être riche en renseignements, ce qui n'a pas été le cas et du coup, c'est le ministère des Finances qui a cherché à en réunir un maximum. Un travail de fourmi donc qui a nécessité du temps pour rendre éligibles à cette disposition les listes reçues au niveau du ministère des Finances. Chose qui apparemment n'a pas été du goût des exploitants agricoles débiteurs de crédits. Ces derniers revenant maintes fois à la charge par la voie du SG de l'UNPA pour faire connaître leur impatience car ne comprenant pas pourquoi leur dossier traîne. Certains ont affiché leur mécontentement en apprenant, par le jeu de la rumeur, que des agriculteurs ont vu leur cas apuré, qualifiant ainsi cet état de fait de «mesure discriminatoire». Ce qu'a réfuté le ministère à charge du dossier arguant par-là que le traitement s'est fait pratiquement au cas par cas. «Un travail qui a permis d'établir la liste des agriculteurs éligibles à la disposition d'effacement de la dette», nous a précisé notre source. Pour l'heure, et comme nous l'avons souligné ci-dessus, la liste des agriculteurs ayant contracté un crédit auprès de la Badr est ficelée soit l'apurement de 77 919 dossiers, reste donc à savoir dans combien de temps la seconde liste, celle relative à la CNMA, sera rendu publique.