Photo : S. Zoheir Par Salah Benreguia L'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie, signé en 2002 et entré en vigueur le 1er septembre 2005, ainsi que celui portant adhésion de notre pays à la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), mis en œuvre depuis près de deux ans, font toujours l'actualité économique nationale. Beaucoup de choses ont été dites et beaucoup d'analyses et constats ont été dégagés par des experts et responsables des parties contractantes. Toutefois, le dominateur commun est que ces deux accords n'ont pas été au rendez-vous des attentes algériennes. En effet, l'objectif assigné à ce genre de pacte qui est d'insuffler une nouvelle dynamique aux relations commerciales bilatérales et multilatérales, d'attirer des investissements productifs et, surtout, de booster les exportations hors hydrocarbures, dont la valeur est inférieure à 2 milliards de dollars, n'est tout simplement pas atteint. Pis, la balance commerciale algérienne est perdante et les chiffres rendus publics sont alarmants. L'ironie du sort est que l'UE tire largement avantage de l'accord d'association même en pleine période de récession économique mondiale au détriment, bien sûr, de l'appareil productif national, réduit relativement à l'arrêt. Si l'UE a tenu à rassurer, depuis 2005, que ledit accord aura un impact positif, en ce sens qu'il revêt un cachet «gagnant-gagnant», cinq années après l'entrée en vigueur de l'accord, la prospérité est certes palpable, mais à sens unique. Les craintes affichées par les responsables algériens quant aux retombées négatives de l'accord en question et surtout les mesures prises dans les différentes lois de finances (2009 et 2010) illustrent, d'une manière légitime, la volonté de l'Exécutif de remettre en cause l'accord d'association, ou du moins d'amener les Européens à une révision de certaines clauses. En clair, les diverses dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 (la LF 2010 et la LFC 2010), dans lesquelles il a été prévu des mesures de régulation du commerce extérieur, la restauration du Crédoc, les restrictions sur des produits, le durcissement sur le contrôle de l'origine du produit, sont un message fort adressé aux Européens pour leur signifier clairement que l'économie algérienne est loin d'être une économie de bazar. S'agissant de la convention portant entrée de l'Algérie à la Grande zone de libre-échange, le scénario est pratiquement le même. L'économie algérienne, du moins certains secteurs industriels tels que l'agroalimentaire, ont été envahis par des produits arabes aux règles d'origine pas tout à fait claires. La décision d'appliquer la règle de réciprocité aux pays arabes dans le cadre dudit accord, mais surtout la mise en œuvre de la fameuse «liste négative», c'est-à-dire un document regroupant un ensemble de produits arabes importés et aux positions douanières rétablies, renseignent à quel point ledit accord n'a pas, dans les premiers temps de son application, satisfait l'Etat algérien. Pour les responsables algériens, même si cette décision n'a pas plu à certains pays arabes, dont l'Egypte, lesquels ont prétexté que ce genre de mesures pourraient remettre en question quelques clauses de la Zone arabe de libre-échange, les décisions prises par l'Algérie ne connaîtront pas de changement ou de lifting. Donc maintenues. Même si les pays arabes soutiennent également, bec et ongles, que la GZALE est un espace défini pour développer et promouvoir le commerce arabe, donc le commerce de tous les pays arabes sans exception, une petite précision aux enjeux énormes semble leur échapper volontairement : l'Algérie est un membre à part entière de la GZALE.