Deux ans après son entrée en vigueur, l'accord d'association fait l'objet de nombreuses critiques de la part des patrons algériens. Ces derniers ont décidé d'agir. Créée en septembre 2005, la Commission technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de libre-échange entre l'Algérie et l'UE a déjà enregistré 12 requêtes de la part des industriels algériens. Selon le quotidien électronique " Tout sur l'Algérie ", et pour la première fois depuis l'entrée en vigueur le 1er septembre 2005 de l'accord d'association avec l'UE, l'Algérie vient de saisir officiellement les instances européennes. Alger entend protester contre l'application par l'Union d'une taxe anti-dumping sur les engrais algériens, empêchant la société Fertial, filiale d'Asmidal, d'exporter ses produits vers les marchés européens. Officiellement, l'UE justifie l'application d'une taxe anti-dumping contre les engrais d'Asmidal par le fait que ces engrais sont fabriqués grâce à une énergie dont les prix sont subventionnés par l'Etat algérien. Ce problème empêche Asmidal de profiter des avantages offerts par l'accord d'association signé entre l'Algérie et l'UE. Par ailleurs, les plaintes enregistrées de la part des industriels algériens concernent les conséquences de l'application de l'accord sur les produits fabriqués localement. Sur les douze plaintes, quatre ont été jugées recevables: en plus de celle d'Asmidal, les trois autres émanent du groupe privé Cevital (margarine et sucre) et de la société Bimo (poudre de chocolat). Cevital a présenté deux plaintes sur les barrières dressées par l'UE à l'exportation du sucre et de la margarine. Pour l'UE, ces deux produits ne sont pas concernés par l'accord d'association au motif que le sucre n'est pas un produit algérien à 100% et la margarine un produit agricole. "Des arguments peu convaincants : le sucre européen n'est pas à 100% d'origine européenne et la margarine européenne n'est pas considérée comme un produit agricole", souligne une source proche de la Commission. Il sied de noter que les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont réitéré lundi dernier, à Bruxelles leur volonté de poursuivre la Politique européenne de voisinage (PEV), et se sont engagés à tout mettre en œuvre pour que l'UE ouvre de nouvelles perspectives avec ses voisins. L'Algérie, qui s'en tient à l'accord d'association, participait en tant que "pays observateur". car selon le représentant de l'Algérie auprès de l'UE, l'ambassadeur Benttallah, l'accord d'association ratifié et mis en œuvre en 1995, "conserve son potentiel de renforcement" des relations contractuelles entre l'Algérie et l'Union européenne et mérite d'être "exploité à fond" avant d'envisager, le cas échéant, le changement du cadre de cette coopération. l'Algérie a adopté un plan d'action, avalisé par l'UE, pour la mise en œuvre concrète de cet accord suivant les priorités de développement national et un échéancier communément accepté. Par ailleurs, l'UE compte, en matière d'intégration, créer une "zone économique" qui réunit les pays européens et les pays voisins méditerranéens les plus proches. A travers cette démarche, il est prévu notamment d'établir un libre-échange entre les partenaires (libre circulation des marchandises), de conclure des accords globaux, et de travailler sur les normes. La nouvelle stratégie prévoit, notamment, d'"accroître au maximum la mobilité", selon la commissaire européenne, qui cite les cas de la Moldavie et de l'Ukraine, dont les hommes d'affaires, les universitaires et les étudiants bénéficient de procédures plus simples et à moindre coûts en matière d'attribution de visas. Avant la fin 2007, deux mécanismes seront mis en place, selon la même intervenante, dont un qui va faciliter aux pays partenaires de la PEV de lever des fonds auprès d'institutions financières internationales pour le développement d'infrastructures. Le deuxième mécanisme va permettre, pour sa part, d'assurer une plus grande aide européenne pour la bonne gouvernance dans les pays voisins.