Le métro d'Alger, un projet vieux de plus de vingt ans, verra-t-il le jour fin 2008, comme projeté par les chargés du secteur des transports ? Les plus optimistes en doutent, au regard du retard cumulé sur certains tronçons. Il était question, par exemple, que la première phase de la ligne Haï El Badr-Tafourah-Grande Poste, neuf kilomètres et dix stations, soit livrée courant 2008. Il n'en est rien. Que du retard. Le ralentissement du projet l'a été du fait de difficultés financières et de l'insécurité ayant prévalu dans les années 1990. A cette époque, les maigres recettes pétrolières ne suffisaient pas à faire face à des investissements colossaux voulus pour pareille infrastructure. Il a fallu attendre le début des années 2000 pour relancer le mastodonte. C'était jouable d'affecter de l'argent à un projet dont les bailleurs de fonds n'en voulaient pas. Et les choses semblent avancer : en 2006, l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) a confié la réalisation du système intégral (clés en main) au groupement constitué des entreprises françaises Siemens Transportation Systems pour la pose du matériel fixe, la signalisation et l'électrification, à Vinci Construction Grands Projets et DYWIDAG International GmbH pour le génie civil et à l'entreprise espagnole Construcciones Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) pour le matériel roulant (14 trains de 6 voitures). Le groupement utilisera la technologie Trainguard MT CBTC déjà mise en œuvre à Paris (ligne 14), à New York (ligne L) et en cours de déploiement à Barcelone (ligne 9), Budapest (lignes 2 et 4), Paris (lignes 3, 5, 1), Sao Paulo (ligne 4). La machine est huilée. Elle revient pourtant de loin. Flash-back sur un joyau dans les mirages. Les études techniques du métro d'Alger, dont les Algérois en rêvent, ont été achevées en 1985. Une entreprise allemande et une japonaise ont été retenues pour la réalisation. Mais il fallait composer avec un paramètre exogène : les prix du baril de brut. La chute du prix du pétrole, dans les années 1980, réduisit considérablement les ressources financières du pays. Le projet fut en passe d'être intégré aux projets ferrés mais, finalement, il fut décidé de revenir au projet de métro initial. Sa réalisation n'a été officiellement entamée qu'en 1988. Elle a été confiée à deux entreprises nationales, Cosider et Sider, deux entités qui n'étaient pas expérimentées en la matière. Seules quatre stations seront réalisées en quinze ans. C'est maigre. Et le tramway d'Alger ? Ce dernier reste également parmi les projets phares dans le canevas du transport. Sa réalisation a été attribuée, dans le cadre d'un avis d'appel d'offres international, à la française Alstom. Le tramway devrait entrer en service dès l'été 2009, selon les termes du contrat conclu entre les dirigeants de l'Entreprise du métro d'Alger et le groupe hexagonal. D'énormes financements y ont été consacrés : en valeur, une enveloppe avoisinant les trente-deux milliards de dinars a été allouée à ce projet. L'importance que revêt le tramway d'Alger a été souvent mise en exergue dans les discours institutionnels. Une fois livré, il permettra, à terme, le transport de quelque 150 000 passagers par jour. Il reste que les travaux butent sur d'innombrables difficultés. Conséquence : la réception du projet risque de s'étirer dans le temps. Y. S.