Photo : Hacène Par Salah Benreguia «A l'horizon 2020, la production pharmaceutique connaîtra une relance qui permettra une couverture à 100% des besoins du marché. Grâce à l'édification d'une industrie nationale du médicament, en partenariat avec des laboratoires étrangers, l'Algérie arrivera en 2014 à couvrir près de 70% de ses besoins en médicaments». Ces propos émanent du ministre de la Santé. Ils renseignent à quel point l'industrie des médicaments occupe une place importante dans l'actuelle politique gouvernementale.Pour ce faire, l'exécutif a adopté une série de mesures, depuis ces dernières années. Celles-ci concernent notamment l'amélioration de la place de Saidal dans la production nationale et le développement du secteur de la production pharmaceutique, via notamment l'interdiction de l'importation de médicaments fabriqués localement et l'obligation d'un partenariat avec un opérateur algérien pour les investissements étrangers. Cette nouvelle politique du gouvernement est dictée également par le volume des importations dont la facture est de plus en plus importante. Les pouvoirs publics décident alors de mettre fin, même d'une manière graduelle, à ces importations, en développant localement notamment notre industrie pharmaceutique.Si le marché national de l'industrie des médicaments représentait 170 milliards de dinars (1,450 milliard d'euros) en 2009, les importations se taillent la part du lion. En effet, ces dernières représentent près de 900 millions d'euros, dont 152 millions d'euros pour la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et 35% pour l'importation de médicaments génériques.«La production nationale couvre seulement 38% des besoins du marché national. Le marché algérien de l'offre est constitué de 326 laboratoires, 55 producteurs, 133 importateurs, 95 vendeurs en gros et 9 000 pharmacies», selon le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbes, qui a déclaré qu'il était «inadmissible» d'avoir près de 2 milliards de dollars d'importation de médicaments et de produits pharmaceutiques en 2009. Sur ce point, l'Etat compte appliquer toutes les lois en vigueur et inviter toutes les parties intervenant dans ce secteur dans sa nouvelle feuille de route. «L'Etat va œuvrer à l'application du texte réglementaire qui fait obligation à tout importateur de produire dans un délai ne dépassant pas deux ans». «Tous les importateurs qui veulent travailler en association avec des étrangers ou des entreprises publiques sont les bienvenus pour peu qu'ils sachent que l'intérêt national reste suprême car le médicament reste un produit stratégique», a-t-il affirmé récemment. «Tous les producteurs locaux et étrangers accrédités à Alger sont invités à adhérer à cette politique en vue de garantir la couverture à 70% des besoins du pays en matière de médicaments à l'horizon 2014», ajoutera le ministre. Faire de Saidal un leader national L'un des axes sur lequel repose la nouvelle politique du gouvernement est de faire du groupe Saidal le principal acteur sur le marché national du médicament pour améliorer la distribution du médicament et sa disponibilité. Selon les différents comptes-rendus de la presse nationale, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) doit valider lors de sa prochaine réunion, un plan de reprise de certains actifs dans le secteur pharmaceutique par le groupe public numéro un du médicament générique en Algérie. Parmi ces actifs figure le distributeur public Digromed qui dispose de plusieurs unités à travers le pays. Ce grossiste en médicaments permettra à Saidal de mieux distribuer ses produits et de renforcer sa position de numéro un sur le marché. Le groupe public évitera ainsi de consentir des investissements importants pour créer sa société de distribution, conformément à la récente décision du Premier ministre Ahmed Ouyahia obligeant les producteurs locaux de médicaments à se doter d'un réseau de distribution. Mieux, Saidal doit également absorber l'Endimed et ses 800 pharmacies réparties à travers le pays. De ce fait, la reconfiguration des groupes industriels publics donnera à Saidal la possibilité d'engager son plan de développement (16,7 milliards de dinars) en reprenant à son compte les actifs des entreprises publiques intervenant sur le marché pharmaceutique. Transformé en 2009 en Groupe industriel autonome (GIA), Saidal a obtenu un crédit de 16 milliards de dinars du Fonds national d'investissement (FNI) pour le financement de son plan de développement et d'investissement. Les pouvoirs publics comptent également sur le concours des grands laboratoires étrangers. Ces derniers ayant affiché un immense désir de s'installer en Algérie, devront seulement s'associer avec un partenaire local, selon la règle 49-51%, décidée dans le cadre de la LFC 2009. «Tout laboratoire ou fournisseur désirant traiter avec l'Algérie dans le domaine du médicament et de l'équipement médical devra signer un contrat de partenariat l'obligeant à s'installer en Algérie», indiquera M. Ould Abbes. Désormais, il n'est plus question d'importer des équipements médicaux, mais plutôt d'installer des usines de fabrication en Algérie. «Nous avons des compétences et de l'argent. Ceux qui veulent traiter avec l'Algérie, dans le cadre du plan quinquennal, doivent savoir que nous avons besoin de fabrication du médicament, des vaccins et d'équipements médicaux dans notre pays. Le transfert des technologies est impératif pour nous. Notre préoccupation est la diversification de nos partenaires. Nous exigeons donc que l'installation et le montage se fassent chez nous», a ajouté le ministre. A remarquer que ce discours, officiel a été tenu devant les différentes délégations étrangères ayant séjourné ces derniers jours en Algérie. En effet, plusieurs délégations étrangères (américaine, polonaise, britannique, russe et danoise), se sont relayées à Alger pour prospecter le marché algérien. Parmi les secteurs qui intéressent fortement les hommes d'affaires étrangers figure l'industrie des médicaments.