L'Algérie et l'Angleterre entretiennent des relations plus au moins dépassionnées et lointaines. Contrairement aux liens qui unissent notre pays à son ancien colonisateur, la France, ceux qui le relient à l'Angleterre sont particulièrement exemplaires, car dominés par les intérêts communs, notamment dans le domaine économique. C'est ce qu'exprime, en substance, la contribution que publie, dans la Tribune, William Hague, chef de la diplomatie britannique.Le ministre n'a apparemment pas l'intention de verser dans le discours idéologique d'un responsable qui a l'intention - et c'est son rôle - de vendre l'image de son pays à l'étranger. Loin d'être dénuée d'une arrière-pensée politique donc, cette réflexion d'un homme qui a la particularité, tout comme l'essentiel du gouvernement de David Cameron, de faire partie de la jeune génération des dirigeants du Royaume-Uni, va dans le sens de replacer son pays dans des zones qu'on dit «réservées» à d'autres puissances, dont la France. Au-delà des positions politiques qui peuvent diverger, les relations entre Etats sont désormais basées sur les intérêts économiques et stratégiques. Confrontée, comme beaucoup d'autres pays occidentaux, à la dévastatrice crise économique, la Grande-Bretagne ne peut que se souscrire à cette donne. Elle a l'ambition et les moyens qu'il faut. En misant sur l'Algérie, entre autres pays susceptibles d'être des partenaires privilégiés, l'Angleterre a misé gros. Notre pays a donc des atouts qui ne peuvent échapper aux ambitions britanniques : une assise financière indiscutable, une position géographique très avantageuse et une relative stabilité politique. Ces caractéristiques, marquées essentiellement par le lancement des grands chantiers structurants, donnent de l'appétit à un pays en manque d'opportunités. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose.Les statistiques que donne M. William Hague dénotent que même si les relations entre Alger et Londres ne sont pas forcément conflictuelles, les échanges économiques ne sont pas aussi importants que le souhaitent les dirigeants des deux pays. Autrement dit, on peut aisément faire mieux. Tout le monde sera gagnant. L'Angleterre trouvera une nouvelle source d'investissements et de marchés pour ses entreprises. L'Algérie, quant à elle, aura une nouvelle opportunité d'accéder à de nouvelles technologies. Elle bénéficiera surtout d'une nouvelle occasion de créer des emplois pour une jeunesse qui ne demande qu'à travailler. Le ministre britannique des Affaires étrangères a omis de parler d'un sujet qui risque, probablement, de faire polémique. Il n'a fait aucune référence à l'affaire Khalifa. Même s'il ne constitue pas un problème, le dossier fait partie de ces équations que les deux pays n'ont pas encore réglées. Pour le reste, William Hague a expliqué que les démocraties occidentales ont emprunté un chemin qui n'était pas forcément le bon. Preuve en est que le gouvernement, auquel il appartient, est obligé de payer les pots cassés par les dirigeants précédents. C'est ce qui explique en partie la politique d'austérité budgétaire qu'appliquera le cabinet de David Cameron à partir de 2011. A. B.