Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami L'analyse faite par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sur l'évolution de la demande pétrolière mondiale rejoint celle établie par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les deux organisations se montrent optimistes quant à la reprise de l'économie mondiale. Dans son rapport du mois de novembre publié le jeudi 11 novembre, l'Opep avance que la demande de pétrole pour l'année 2010 sera en hausse de 1,6% par rapport à 2009, soit 1,3 million de barils par jour (mb/j). Ce relèvement est expliqué par une consommation plus importante dans les pays développés au troisième trimestre due à une reprise de l'économie plus forte que prévu. L'organisation pétrolière affine son analyse et souligne : «la consommation de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a dépassé les attentes en raison d'une activité plus forte que prévu de l'économie, soutenue par divers plans de relance.» Ainsi, la demande va atteindre, en volume, 85,8 mb/j en 2010, soit une hausse de 190 000 barils/jour par rapport à l'estimation du mois d'octobre. Et les perspectives s'annoncent meilleures : pour 2011, l'Opep met en exergue une demande de pétrole plus importante que prévu auparavant. Elle écrit dans son rapport : «Les prévisions pour la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2011 ont été révisées à la hausse d'environ 120 000 barils/jour et s'établiraient maintenant à 1,2 mb/j..» Elle estime que «l'amélioration des perspectives pour la demande des pays de l'OCDE est un facteur-clé de cet ajustement». Pour 2011, la demande serait de 86,9 mb/j., soit une hausse de 120 000 barils/jour par rapport à l'estimation faite au mois d'octobre. «La demande de brut de l'Opep en 2010 est estimée, elle, à 28,8 mb/j., à la suite d'un ajustement à la hausse des 300 000 b/j depuis le rapport précédent. Cela représente une baisse de 0,2 mb/j. par comparaison à l'année dernière.» «En 2011, la demande de brut de l'Opep devrait atteindre en moyenne 29,2 mb/j., soit environ 0,4 mb/jde plus que l'année précédente suite à un ajustement à la hausse de 0,4 mb/j. à partir de l'évaluation précédente», selon toujours le rapport prévisionnel. Les experts de l'Opep estiment la production totale de ses pays membres de à 29,304 mb/j.durant le mois d'octobre. La production des pays concernés par les quotas est évaluée à 26,890 mbj, soit un dépassement de 2,05 mb/j. par rapport au plafond officiel de 24,84 mb/j.. Dans son rapport mensuel, l'AIE a revu, elle aussi, à la hausse ses estimations de la demande mondiale de pétrole pour les années 2010 et 2011. En 2010, la demande mondiale de pétrole devrait être de 87,3 mb/j., soit une hausse de 2,3 mb/j par rapport à l'année 2009. Cette estimation est en hausse de 200 000 barils/jour par rapport à celle faite au mois d'octobre par l'Agence. L'AIE a fait donc le même constat que l'Opep puisqu'elle considère que cette hausse est due à des chiffres plus élevés que prévu dans les pays industrialisés membres de l'OCDE durant le troisième trimestre de l'année. Pour 2011, la demande mondiale devrait croître de 1,2 mb/j, soit 1,4%, pour atteindre 88,5 mb/j. Une demande à la hausse ne peut que tirer vers le haut les cours de l'or noir, restés sur seuil fluctuant. Montés, dans la semaine à leur plus haut niveau en deux ans, les prix du pétrole ont rechuté vendredi dernier, par exemple, à New York, en réaction au fait que les investisseurs spéculaient sur un resserrement monétaire en Chine, susceptible d'affecter la demande du pays. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en décembre a terminé à 84,88 dollars, en baisse de 2,93 dollars par rapport à la veille (-3,3%). Jeudi dernier, il avait touché 88,63 dollars, un prix qu'il n'avait plus atteint depuis début octobre 2008. Cette rechute s'est effectuée «en réaction à la peur du marché face à l'inflation en Chine, et à l'inquiétude qu'elle relève de ses taux d'intérêts pour la ralentir, ce qui affecterait la croissance», a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, cité par des médias européens. «Ce serait mauvais pour la demande de pétrole». «Il y avait une quantité énorme de positions spéculatives à la hausse qui s'étaient accumulées depuis deux semaines, donc certains investisseurs se retirent aujourd'hui» vendredi, a-t-il observé. En Chine, où l'inflation a atteint en octobre son plus haut niveau depuis la crise financière (+4,4% en glissement annuel), la Banque centrale a demandé à certaines banques d'augmenter encore leur taux de réserves obligatoires, en plus du relèvement déjà exigé cette semaine.