De notre correspondant à Constantine A. Lemili Le directeur de wilaya des transports de Constantine, A. Djouini, aura quand même étonné plus d'un parmi nos confrères en soutenant, au cours du forum hebdomadaire de la radio régionale, que toutes les mesures qui ont été prises au cours de ces dernières années visant à normaliser la situation en matière de circulation automobile, ainsi que tout ce qui s'y est greffé accessoirement comme l'arrêt et le stationnement des véhicules, n'ont obéi à aucune règle logique et rationnelle.Ce qui pour le moins est renversant s'il est tenu compte de l'implication de cette direction de l'exécutif dans le développement tous azimuts de la métropole et de la responsabilité de son premier... responsable dans un secteur où rien ne devait lui échapper et surtout se faire sans l'aval de son administration. L'invité du forum trouvera un exutoire en soulignant «que si, effectivement, la question relève de ses compétences, nous ne sommes qu'un élément dans la commission ad hoc chargée de cogiter sur le plan global de circulation». Histoire d'expliquer qu'il ne représenterait alors qu'une voix parmi tant d'autres. Même si c'est au détriment d'attributions ou encore mieux d'obligations dont il est comptable devant la population à laquelle ses services sont censés offrir des prestations en ce sens.Dans leur vie de tous les jours, les Constantinois vivent en général une véritable galère en matière de transport public et collectif en particulier. La cause essentielle ? Les dépassements des transporteurs publics-privés qui n'ont pas manqué l'opportunité de saisir l'atomisation de la ville en autres nouvelles villes périphériques ces dix dernières années et la permissivité des pouvoirs publics pour imposer leur diktat.Il existerait, selon les déclarations du directeur des transports, 2 000 bus privés où le secteur public, autrement dit l'entreprise des transports de Constantine, ne représenterait que 4 à 5% du parc roulant. Bien entendu, les voitures sont en général vétustes et prêteraient à beaucoup de risques dans une situation normalisée, sauf qu'il y a une très forte demande et qu'il faudrait y répondre au risque cette fois-ci alors d'exacerber le mécontentement des populations et d'ouvrir un front hostile au sein d'une société locale dont les équilibres sociaux pour des raisons diverses sont déjà bien précaires.Au forum était présent également le porte-parole de l'organisation corporative des transporteurs, en l'occurrence M. Bousmid qui ne s'est pas épargné, réponse du berger à la bergère, de rappeler au représentant de l'administration qu'en réalité, «tous les maux vécus par les habitants relèvent du peu de propension de l'administration d'adopter une attitude rationnelle en matière de gestion du transport». M. Bousmid, considérant dans la foulée qu'avec «une réglementation draconienne imposée par les services de police de la voie publique, la raréfaction des aires de stationnement, voire d'arrêt ordinaire ou d'urgence, l'extériorisation des stations terminales de bus par rapport au centre urbain, voire à des centres importants d'activité ont conduit les 400 adhérents de l'organisation à faire dans l'imagination, de recourir à des initiatives personnelles pour essayer d'accomplir dans des conditions complexes leurs prestations et répondre à l'offre des usagers. Nous restons conscients de la nature non conforme de nos prestations et de la distance par rapport aux normes, mais qu'y pouvons-nous faire si ceux qui ont la charge de réguler le secteur font dans l'improvisation et contribuent essentiellement à l'anarchie».La multiplication par le représentant des transporteurs collectifs de «solutions» à même de sortir de l'impasse et les effets d'annonce sur les siennes (propositions) faites à une nouvelle commission chargée de cogiter sur la question à partir de lundi (hier) ne risquent pas de changer grand-chose à la situation d'autant plus qu'il a été annoncé que dans le cadre des travaux de réalisation du tramway, une voie de circulation des plus importantes (université des sciences islamiques) allait connaître des aménagements dans les jours à venir. Par aménagement, il y a lieu de comprendre fermeture, même si le directeur des transports s'est évertué à soutenir que tout avait été «réfléchi et que si fermeture il y a, elle ne sera que ponctuelle, autrement dit, quand l'intervention à cette hauteur est impérative». Ce qui n'empêchera pas de restreindre la circulation sur un axe routier très dense et dont les conséquences seront la strangulation d'une série de voies qui auront servi d'exutoire jusque-là. Ceci étant, l'une des propositions visant à conforter ou apporter un argumentaire en béton au nouveau plan de circulation consisterait à décongestionner de grandes artères comme celle de la rue Aouati-Mostefa en interdisant définitivement le stationnement des véhicules aussi bien de jour que de nuit. Or, la presque-totalité des véhicules qui y stationnent le font depuis la nuit des temps pour la simple raison que leurs propriétaires sont locataires des maisons et immeubles qui y sont implantés. Du coup, la qualification de «stationnement abusif» lancée à la volée par le directeur des transports semble pour le moins cavalière. L'abus ne pouvant en réalité que venir d'une décision administrative qui ne serait alors qu'arbitraire et que les propriétaires de véhicules n'ignoreront pas, quitte pour cela à user de toutes les voies légales pour faire valoir leurs droits.Quoi qu'il en soit, la Direction des transports demeure face à un problème cornélien : répondre à la demande en matière de transport collectif, mais aussi et surtout créer les conditions minimales pour que l'offre y réponde. Et pour qui connaît Constantine et la «disponibilité» des aires et/ou espaces à même d'accueillir la flotte impressionnante des bus, la solution n'est pas prês d'être trouvée.