Au moment où la crise financière mondiale connaît des rebondissements spectaculaires susceptibles de modifier l'ordre économique en Europe et de bouleverser les classements et notations internationaux, le Maghreb se voit offrir, parce qu'il est porteur, un partenariat avec les Etats-Unis. Le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, certains pays de l'ex-Europe socialiste et même la France seraient susceptibles de connaître des récessions sinon un surendettement et des déficits vertigineux. Les mouvements sociaux chez les salariés, les étudiants et les chômeurs fragilisent de larges secteurs économiques en Europe et remettent en cause d'anciens consensus politiques, syndicaux, avec la montée en puissance de formations d'extrême droite, racistes, xénophobes et fortement tournées vers un nationalisme chauvin de sinistre mémoire.La tempête qui secoue le Vieux Continent, sans épargner l'Amérique, exacerbe les contradictions et une concurrence sans précédent pour la conquête de marchés captifs par le passé, investis en force par les produits turcs, chinois, indiens qui vont du textile à la voiture, aux aliments en passant par les cosmétiques, le tourisme, etc. Dans ce contexte sans précédent, les pays qui ont ou auront un front national intérieur fragilisé, des économies au cap hésitant ou inexistant, un taux de chômage, donc de contestation, élevé, une bureaucratie paralysante, des retards dans les secteurs de l'informatique, de la gestion et du management par les savoirs, risquent des échecs et des mouvements sociaux d'envergure.L'Algérie pour le moment, déconnectée peu ou prou du système financier international, peut, sous certaines conditions et réformes indispensables, passer à travers l'orage, s'organiser dans le dialogue et la concertation, en faisant le meilleur usage possible de tous ses cadres, au pouvoir ou dans l'opposition, de ses jeunes talents et potentialités et de ses réserves de changes qui proviennent de la rente pétrolière. Cette dernière a recommencé avec «la hausse du prix du baril entre 2002 et la fin 2008 qui voit le gouvernement disposer d'un fonds de 140 milliards de dollars en réserve» (1). Or tous les économistes nationaux et étrangers, sans sous-estimer les réserves du sous-sol, s'accordent sur la versatilité du baril, l'intérêt grandissant pour l'écologie, l'énergie nucléaire et les espérances placées dans l'énergie solaire qui commence à être utilisée pour des logements, des édifices d'envergure, des villages et des institutions un peu partout dans le monde. Ce qui revient à dire que le pétrole n'est plus l'avenir.Au moment où les Etats-Unis (concurrence mondiale oblige) avancent une initiative ambitieuse et susceptible pour tout le Maghreb, des problématiques régionales et d'autres problèmes intérieurs secondaires viennent, encore, parasiter la vision et installer le chef de l'Etat comme arbitre dans de minuscules querelles sans aucune importance d'avenir pour le pays et encore moins de le présenter comme un partenaire solide et homogène, alors que tous les clignotants sont au rouge dans presque le monde entier. Le partenariat proposé par les responsables de l'économie, du commerce et de l'énergie américains est, à l'évidence, conditionné au plan maghrébin par des avancées notables et durables. L'intégration de chacun des pays du Maghreb, s'ils ne veulent pas désespérer définitivement les populations concernées, au sein d'une entité rêvée depuis l'apparition des mouvements nationaux est une urgence. Et, bien entendu, la raison, les intérêts et l'avenir commun commandent que l'autodétermination du Sahara occidental se réalise selon les textes de l'ONU et sous son contrôle pour que le Maghreb économique voie le jour et parle enfin d'une seule voix.Au plan interne, les complots, les redressements, les ego, les rentes de situation, les sincères convictions des uns et des autres doivent épargner le chef de l'Etat (quel que soit le regard porté sur son action) et ne pas en faire l'arbitre dans les crises des partis. Les enjeux internationaux, le redressement industriel, la réforme des banques, la grogne des magistrats, les atteintes aux libertés d'expression et de culte sont trop importantes et sollicitent ses arbitrages. La guérilla à l'intérieur d'un parti ne doit pas amoindrir sa crédibilité et encore moins ramener sa stature et son statut au niveau des luttes intestines des partis qui ne décident pas des enjeux économiques et encore moins de ceux des champs sécuritaire, continental ou international. A. B. (1) In Violence de la rente pétrolière, Algérie – Irak – Libye par Luis Martinez. Ed. Sciences Po-Paris (2010).