De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Le virus du sida demeure «silencieux» et tabou à Constantine. En dépit des campagnes de sensibilisation et de prévention animées par les unités hospitalières et intensifiées notamment lors de la Journée mondiale «dédiée» à cette pathologie, jusqu'ici «meurtrière» à long terme si elle est contractée et laissée sans soin, la population boude les unités de dépistage. Une étape pourtant préliminaire, mais importante pour éliminer toute suspicion d'avoir son système immunitaire infecté par le VIH, selon les spécialistes. La wilaya de Constantine compte actuellement 42 patients qui sont sous traitement dans le service des maladies infectieuses du CHU. Et seize parmi eux sont à un état avancé, avouent des sources hospitalières. Le centre hospitalier Ben-Badis, qui avait enregistré son premier cas en 1985 ne comptait que 85 cas. Aujourd'hui, on avance le nombre de 175. «Cela étant, les statistiques ne sont pas exhaustives. Ces malades sont ceux et celles qui se sont rapprochés des centres hospitaliers», déplorent les spécialistes locaux, estimant que les populations notamment rurales hésitent à se faire dépister et les centres de dépistage ne couvrent pas à l'optimal toute la circonscription. Sujet tabou, le sida fait des ravages et il faudra trouver un autre langage pour le simplifier et encourager les hésitants à se rendre dans les unités de dépistage. Seule la communication en continu permet de freiner la propagation du virus. Il ne faut pas trop se fier au classement de l'OMS qui place l'Algérie parmi les pays les moins touchés par ce fléau planétaire. Cependant, la préoccupation pour une meilleure prise en charge reste en perpétuelle veille pour éviter une éventuelle multiplication de cas porteurs du virus. En matière de dépistage volontaire, le directeur de l'unité Mentouri sise à la cité des Bosquets à Sidi Mabrouk déplore l'absence de ce geste volontaire. A ce propos, il nous confiera : «Il n'y a pas bousculade au portillon ! On ne relève pas une présence importante de personnes qui se font dépister. Pourtant, la procédure est gratuite. De plus, ceux qui se font dépister bénéficient de l'anonymat total. Seul un numéro leur est attribué pour distinguer leur examen», explique notre interlocuteur, ajoutant que «si un cas est avéré positif, le médecin spécialiste en infectieux l'accompagne au CHU pour qu'il soit pris en charge». L'unité de dépistage de Mentouri est dotée d'un laboratoire. En matière de prise en charge, la corporation médicale à Constantine ne soulève aucune anomalie relative à un quelconque manque dans la thérapie. Un satisfecit avoué lors de la journée du 1er décembre et conforté par le premier responsable du secteur M. Ould Abbas qui assurera qu'à cet effet l'Etat ne lésine pas sur l'effort financier pour accompagner les malades. Le ministre aura confirmé la volonté des pouvoirs publics à doter toutes les structures de soins en médicaments nécessaires au profit des sidéens. Il a même écarté l'éventualité d'une quelconque pénurie. Il reste toutefois à matérialiser cette facture sur le terrain. Le patient revient cher à l'Etat qui lui consacre en moyenne 100 millions de centimes par an. Ce qui amène à dire que la maladie est un véritable problème de santé publique et qu'il convient de la découvrir prématurément, les thérapies existant et permettent aux malades de retrouver une vie du moins normale. Et, par ricochet, réduire un tant soit peu la facture d'importation des médicaments antiviraux. «Il est nécessaire d'intensifier les mesures préventives et de demeurer au chevet de la sensibilisation dispensée à la population», estiment les médecins. La nouveauté cette année à Constantine vise une attention particulière aux enfants scolarisés qui recevront quelques notions essentielles sur la nature du virus par le truchement des 45 unités de dépistage et de suivi réparties à travers la circonscription (UDS). Si l'on ne casse pas le tabou du sida, des personnes pourraient rester éternels porteurs du virus. Pour peu qu'on reste… bien isolé !