Les représentants du gouvernement malien et du groupe touareg du 23-Mai de la région de Kidal se retrouveront à partir de jeudi prochain à Alger pour avancer dans l'application de l'accord d'Alger, instaurant la paix dans cette région du nord du Mali, et aider à son développement. Cette réunion, qui durera deux à trois jours, regroupera les représentants des rebelles de l'Alliance démocratique du 23-Mai pour le changement, et ceux du gouvernement malien aussi bien que les médiateurs algériens. L'objet de cette réunion, précisera le facilitateur algérien, M. Abdelkrim Gheraïeb, à l'agence de presse algérienne (APS) est de «faire le point pour voir où nous en sommes en ce qui concerne la confirmation du cessez-le-feu qui est effectif actuellement, les commissions que nous avons installées pour prévoir le retour des familles déplacées, le problème des mines et la libération des détenus de part et d'autre». Parmi les détenus, se félicitera-t-il, «21 soldats ont été libérés le 16 août et trois autres relâchés le 24, grâce à la médiation algérienne». L'application de l'accord d'Alger, signé le 4 juillet 2006, «s'était poursuivie durant une année, avec notamment le début de l'installation des unités spéciales et le retour de 3 000 personnes qui étaient dans les maquis», a expliqué M. Gheraïeb. Ces «unités spéciales de sécurité» ont été créées au sein de l'armée malienne, selon les dispositions de l'accord d'Alger. Celui-ci stipule que lesdites unités sont «composées essentiellement d'éléments issus des régions nomades». L'ambassadeur d'Algérie à Bamako a aussi mentionné l'installation d'une commission chargée de l'insertion économique des jeunes de Kidal et la création d'un centre de formation «financé aussi bien par l'Algérie que le Mali, en attendant d'autres partenaires», a encore déclaré M. Gheraïeb. Mais récemment, a-t-il relevé, «il y a eu une complication», car «d'autres groupes se sont créés et ont compliqué la situation». Actuellement, souligne-t-il, «nous devons tout reprendre pour amener tous ces groupes à l'accord d'Alger et envisager de recréer un climat de confiance entre les parties pour reprendre l'application normale de l'accord». Le facilitateur algérien a affirmé que «tous ceux qui se réclament de l'accord d'Alger et qui sont aussi acceptés par le partenaire gouvernemental malien seront les bienvenus, du moment que nous voulons la paix pour tout le monde» dans cette région du Sahel. M. Gheraïeb soulignera que «le problème fondamental de la région de Kidal est le développement». Des populations qui «n'ont pas de travail et qui ont faim s'insurgent», a-t-il dit, en notant l'enclavement de la région de Kidal qui est «isolée dans l'isolement» en soulignant que la distance qui sépare Bamako du Kidal avoisine les 1 600 km. «Nous avons pensé à tout cela dès le départ en organisant le forum de Kidal en mars 2007, qui a abouti à un programme de développement sur dix ans, dont l'application commencera dès que la paix sera revenue», a assuré M. Gheraïeb. Le diplomate algérien a évoqué «des tentatives d'autres gens qui essaient d'évoquer des considérations qui ne sont pas les nôtres». «Nous, nous voulons régler le problème des populations qui nous sont voisines et qui ont fait appel à l'Algérie», a-t-il affirmé. Avant que l'Algérie ne reprenne sa médiation, un moment suspendue, «il y a eu recrudescence des attentats et des enlèvements et ce sont les populations du Nord [du Mali] qui ont écrit au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui nous a ordonné de reprendre les choses en main et de venir en aide aux populations qui ont fait appel à lui», a-t-il révélé. «Ce sont les deux parties maliennes qui ont demandé notre médiation», a-t-il insisté. M. Gheraïeb a affirmé que l'accord d'Alger est «complet et traite tous les problèmes de Kidal : sécuritaires, sociaux et économiques». Ce texte, a-t-il rappelé, «est devenu une loi car il a été adopté par l'Assemblée nationale du Mali, donc le gouvernement malien se réclame de lui, les différents groupes touareg aussi le reconnaissent et quasiment tous les pays voisins et les pays occidentaux, ainsi que l'Union européenne, l'appuient». Rappelant la position algérienne, le diplomate la qualifiera de claire et nette tout en ajoutant qu'elle «est objective et veut œuvrer pour l'instauration de la paix dans la région et la concorde entre toutes les confédérations qui la composent» avant de conclure : «Nous sommes déterminés à aller de l'avant pour l'application de cet accord, avec tous ceux qui veulent y souscrire.» G. H.