Synthèse de Hassan Gherab La Corée du Sud a effectué, hier, de courtes manœuvres militaires qui ont pris fin moins de deux heures après leur coup d'envoi, a indiqué le ministère sud-coréen de la Défense. Tous les habitants de l'île de Yeonpyeong ainsi que ceux de quatre autres îles voisines ont été invités avant le début des exercices à se rendre dans des abris antiaériens. Une consigne similaire a été communiquée à toutes les îles de la mer Jaune frontalières de la Corée du Nord, selon un porte-parole de l'état-major interarmées sud-coréen. Ces consignes visaient surtout à mettre les civils à l'abri d'une possible réaction militaire de Pyongyang qui avait indiqué la semaine dernière que le maintien de ces opérations d'entraînement serait suicidaire et avait promis un «désastre» si la Corée du Sud ne renonçait pas à ces exercices sur Yeongpyeong. La Corée du Nord avait averti qu'elle riposterait militairement à ces exercices, du même type que ceux effectués le 23 novembre, qui avaient provoqué des tirs nourris nord-coréens, responsables de la mort de quatre personnes, dont deux civils, sur l'île.Mais à la fin de l'exercice, la Corée du Nord a préféré se garder d'une réaction qui n'aurait qu'exacerbé les tensions avec le frère ennemi et les pressions internationales. Mieux, Pyongyang a donné d'autres gages d'apaisement en annonçant qu'il acceptait non seulement le retour des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans une centrale nucléaire du pays mais également de «négocier la vente de 12 000 barres récentes de combustible et de les acheminer hors du pays, sans doute vers la Corée du Sud». Pendant ce temps, le Conseil de sécurité peine à trouver une position commune pour apaiser les tensions entre les deux Etats de la péninsule. Réuni à huis clos dimanche dernier, le Conseil, après plus de huit heures de négociation, s'est séparé sur un échec, les cinq membres permanents ne parvenant pas à s'accorder sur une condamnation publique de la Corée du Nord comme responsable de la crise présentée par la représentante américaine à l'ONU, Susan Rice.«Il est important que nous gardions présent à l'esprit que la tension émane d'une source et d'une seule source, l'attitude constamment provocatrice de la Corée du Nord», a déclaré Rice dans un communiqué lu devant le Conseil de sécurité. La Grande-Bretagne, la France, le Japon et la Corée du Sud ont soutenu la position américaine et se sont déclarés favorables pour une résolution désignant la Corée du Nord comme responsable de la crise. Mais la Chine et la Russie s'y sont opposées en soutenant une position qui évite de faire porter la responsabilité de l'incident sur Pyongyang, tout en appelant les deux Etats de la péninsule à faire preuve de retenue. Le représentant russe Vitali Tchourkine, à l'initiative duquel avait été convoquée la réunion sur la crise coréenne, avait diffusé auprès des membres du Conseil de sécurité un projet de déclaration appelant à «une retenue maximale» et demandant au secrétaire général Ban Ki-moon de dépêcher un émissaire à Séoul et Pyongyang afin d'empêcher que la crise échappe à tout contrôle. Cette fois, ce sera aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne, à la France, au Japon et à la Corée du Sud de rejeter le texte.Se déclarant déçu de l'absence d'accord sur un communiqué commun, M. Tchourkine, tout en précisant que la Russie restait attachée à l'idée d'un émissaire dans la péninsule, dira qu'il continuait à travailler à une déclaration qui, espère-t-il, fera sortir le Conseil de l'impasse dans laquelle la déclaration de Susan Rice l'avait poussé. «J'espère malgré tout que les contacts entre les délégations et entre les capitales aboutiront à une issue satisfaisante […]. Nous allons continuer de discuter de cette possibilité, si les circonstances le permettent», dira-t-il.