De notre correspondant à Constantine A. Lemili Bien avant la publicité faite autour du projet de loi relatif au réaménagement de l'activité immobilière s'est manifesté à Constantine un faisceau d'indicateurs à partir duquel il était quelque part facile de déduire que le secteur allait bouger. Comment ? Cela relève cependant d'une autre histoire compte tenu de l'incontournable solution à dégager en matière d'espaces susceptibles d'accompagner les ambitieux projets lesquels, à mesure que s'égrenaient les années, consistaient en l'idée de tirer des plans sur la comète au vu de réalisations tardant à venir, voire à des chantiers à démarrer. Contrairement à son prédécesseur connu pour sa propension à théoriser à l'infini, l'actuel wali semble plus pragmatique et vraisemblablement plus soucieux de la question. C'est ce qu'il laisse apparaître depuis son installation dans la mesure où il s'évertue, d'une part, à faire des visites sur les différents chantiers parsemant la wilaya et, d'autre part, à multiplier les contacts avec les principaux acteurs concernés par l'habitat, c'est-à-dire entrepreneurs et promoteurs, n'hésitant pas à accorder aux uns et aux autres des tête-à-tête particuliers et une oreille très attentive à tout ce qu'ils peuvent formuler comme propositions, suggestions et requêtes. Histoire sans nul doute de jauger leurs capacités et, pourquoi pas, différencier le bon grain de l'ivraie et dégager ceux-là mêmes qui peuvent accompagner les pouvoirs publics dans les programmes projetés, d'autant plus qu'à Constantine le secteur a la réputation d'exhaler une odeur de soufre comme en témoignent physiquement les nombreux projets en souffrance et les difficultés que rencontrent les souscripteurs à accéder à leur logement. Au cours de sa première visite sur le terrain, le wali a été étonné d'apprendre de la bouche du Dlep que 70% des entreprises du bâtiment en activité sur le territoire de la wilaya de Constantine n'ont pas les qualifications idoines. Une vérité que n'a pas esquivé ou démenti 72 heures plus tard le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) lors d'un houleux débat au cours d'une émission radiophonique de la station régionale qui happait au vol le thème, permettant, ce faisant, aux milliers de souscripteurs en attente depuis une dizaine d'années de comprendre «officiellement» les tenants et les aboutissants de leurs déboires. Le projet de loi visant à réaménager et normaliser le secteur de l'habitat d'une manière générale et l'immobilier en particulier, encadrant enfin la profession de promoteur autoriserait-il des espoirs ou sinon ferait-il voir autrement l'avenir à ceux qui sont déjà dans la galère et les futurs postulants ?B. T., l'un des plus importants promoteurs et plus particulièrement le plus professionnel de la wilaya de Constantine, estime qu'«effectivement il était temps que les pouvoirs publics s'intéressent de plus près au secteur et à la profession, mais pour moi, personnellement, il aurait été souhaitable de faire une application plus stricte des dispositions du décret législatif 93-03 relatif à l'activité immobilière, lequel est à mon avis explicite et cerne bien le volet évoqué. Y apporter des amendements pour en actualiser des dispositions aujourd'hui sans doute caduques aurait été plus rationnel».Notre interlocuteur se dit toutefois dubitatif sur l'aspect visiblement répressif du projet de loi notamment pour les promoteurs qui ne respectent pas leurs engagements. «Il est logique que le client soit protégé mais si, aujourd'hui, nous nous retrouvons dans cette situation, il est incontestable que c'est en raison de la permissivité de l'Etat ou du moins de ses instruments de suivi, de contrôle et d'exécution sur le terrain que le secteur bat de l'aile en raison du foisonnement d'une faune de présumés entrepreneurs. Il paraît pour le moins regrettable que la validité d'un permis de construire n'inquiète pas les services concernés alors que la réalisation d'un projet dure très souvent si ce n'est toujours plus de six ans pour des délais qui ne devraient pas excéder les 18 mois. N'est-ce pas là une sorte d'énorme brèche plus que tentatrice pour tous les opportunismes possibles. Répressif dans cet ordre d'idées, nous sommes entièrement d'accord mais non pas dans le sens où dorénavant il sera fait obligation au promoteur de dissocier l'activité étude et réalisation au profit d'un bureau d'études et d'un entrepreneur. Si ce raisonnement est maintenu, il est clair que l'immobilier va s'acheminer vers un surcoût où le lampiste de service restera le demandeur, éternelle victime des approximations. Cela même s'il bénéficie de tous les mécanismes d'aide ou d'accompagnement consentis par l'Etat. Même l'appréciation de la cadence de conduite des projets va échapper au même promoteur», soutient-il.A Constantine, le problème essentiel reste, comme il a été évoqué précédemment, le foncier auquel d'ailleurs le wali n'est pas insensible sachant que, non seulement, il est comptable d'un engagement pris par le chef de l'Etat de faire réaliser plus d'un million de logements au cours de son quinquennat, mais au-delà de ce défi parce que sur un autre plan, c'est aussi et surtout, le talon d'Achille de tout cadre investi d'une responsabilité locale en ce sens qu'il est synonyme par excellence de la stabilité sociale. Il semblerait, selon la corporation des entrepreneurs et de ce qui ressort des contacts qu'ils ont eus avec le wali, que «de nombreux terrains ont été déjà dégagés et leur affectation devrait avoir lieu au début de l'année 2011». Reste que maintenant, nombreux sont les promoteurs qui vont très certainement disparaître d'eux-mêmes en raison des exigences de l'administration et surtout des obligations des nouvelles mesures d'autant plus que, selon les informations quasi officielles que nous avons recueillies, il n'existerait, au regard de la profession et selon l'acception du terme, que 2 000 authentiques entreprises de réalisation sur les 24 000 qui pullulent sur l'ensemble du territoire et font semblant d'animer les chantiers.