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Ali Bango s'offre les pleins pouvoirs, l'opposition dénonce Les Gabonais terminent l'année 2010 avec l'adoption par le Parlement et le Sénat d'une nouvelle Constitution
Le successeur du défunt président gabonais Omar Bango Ondimba, qui n'est autre que son fils, Ali Bango, vient d'opérer un véritable tour de vis, en faisant adopter par le Parlement une nouvelle Constitution sur mesure. Les députés et sénateurs, réunis mardi dernier, ont adopté avec 177 voix pour et 16 voix contre la révision de la première loi du pays, tandis que l'opposition a dénoncé un véritable putsch contre les libertés et la démocratie. Les nouvelles dispositions introduites dans le nouveau texte prévoient, en fait, la prolongation de la durée de la période de transition (de 45 à 60 jours), en cas de vacance du pouvoir. D'autre part, Ali Bango s'est offert les pleins pouvoirs en matière de défense nationale en «renforçant les capacités opérationnelles du président de la République en cas de troubles graves menaçant l'intégrité du territoire», a indiqué la presse gabonaise. Il s'agit de «corriger certaines faiblesses de l'actuelle Constitution […] La révision est fondée, car elle règle le problème du contentieux électoral, la durée de la transition ou les conditions d'éligibilité du chef de l'Etat», s'est défendu Luc Marat Abila, du Parti démocratique gabonais (P-DG au pouvoir), avant le début du vote. Mais l'opposition voit une dérive politique qui replongera le Gabon dans la dictature. «Certaines dispositions constituent une porte ouverte à la dictature», a dénoncé le président de l'Union nationale (UN, opposition) Zacharie Myboto. «Depuis le naufrage de la démocratie, enregistré lors de la révision de la Constitution en 2003, la situation de la loi fondamentale gabonaise va de mal en pis», a-t-il estimé, ajoutant que la révision va permette à l'Exécutif de «régner en maître absolu». Par ailleurs, le scrutin à deux tours et la limitation des mandats présidentiels à deux quinquennats successifs ont été abolis dans le nouveau texte. Ce qui n'a pas manqué de susciter aussi la colère de l'UN qui a déclaré dans un communiqué rendu public hier que «oublier de limiter le nombre de mandats présidentiels, de réintroduire le scrutin à deux tours […], c'est là la preuve indubitable que l'on prend de haut les électeurs gabonais». M. Myboto a averti la majorité parlementaire des conséquences de leur vote. «Ce que vous acceptez peut être retourné contre vous demain», a-t-il déclaré, citant l'article selon lequel «il faut résider au moins 12 mois sur le territoire national pour être candidat à la présidentielle», a rapporté Afriscoop, un site internet traitant de l'actualité en Afrique. La révision prévoit en fait que tout candidat à la présidentielle doit résider au Gabon depuis au moins un an, tout comme elle interdit à un Gabonais disposant de la double nationalité et ayant occupé des responsabilités politiques dans un autre pays d'être éligible. L. M.