Photo : Riad Par Moumene Belghoul L'avenir de la Côte d'Ivoire se complique davantage. La crise perdure et les différentes missions pour la désamorcer avant qu'il ne soit trop tard font du surplace. Après deux rencontres avec Laurent Gbagbo et une rencontre avec Alassane Ouattara, les trois présidents mandatés par la CEDEAO ont quitté Abidjan pour Abuja sans faire de communiqué final ou de déclaration publique. Un mutisme interprété comme un énième échec. La mission des trois chefs d'Etat ouest-africains était de tenter de convaincre Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Mission assortie de la menace d'utiliser la force pour installer Alassane Ouattara au pouvoir. La longue journée des présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et capverdien Pedro Pires s'est révélée extrêmement compliquée avec des résultats mitigés. Le fait que les trois chefs d'Etat ont annoncé revenir à Abidjan dans les prochains jours plaide pour l'optimisme pour une sortie de crise, mais des signes montrent que la mission n'a pas eu l'effet escompté. Les informations distillées par la presse ivoirienne dans sa diversité sont explicites sur la perpétuation du statu quo. Au palais présidentiel, Laurent Gbagbo aurait produit à ses visiteurs des preuves démontrant que son maintien au pouvoir n'est nullement usurpé. A l'hôtel du Golf, Alassane Ouattara aurait réitéré son offre de laisser son rival partir sans poursuite vers une retraite dorée et avec la garantie qu'il bénéficierait de son statut d'ancien chef d'Etat. Le discours de part et d'autre est également monté en virulence, démontrant que les nerfs sont à bout dans un pays sous pression. Alassane Ouattara aurait fait savoir à ses trois visiteurs que, si Laurent Gbagbo n'accepte pas très vite son offre, son discours à la nation du 31 décembre sera moins conciliant. Le gouvernement de Laurent Gbagbo a, lui aussi, fait monter la pression pour signifier ses positions à tous les interlocuteurs. Tout d'abord, le porte-parole de son gouvernement a déclaré qu'Abidjan se réservait le droit de mettre fin à la mission des ambassadeurs des pays qui reconnaîtront les diplomates nommés par Alassane Ouattara. Mieux, le président Gbagbo, après avoir annoncé qu'il reportait son grand meeting prévu hier, mercredi 29 décembre, signifie jusqu'où il pourrait aller dans le bras de fer. Charles Blé Goudé, leader des jeunes patriotes proches de Gbagbo, a, lui, promis sur un ton dur de lancer très bientôt l'assaut final pour la libération totale de la Côte d'Ivoire. Un convoi de l'Onuci a été attaqué mardi dernier à Yopougon. Ce n'est pas le premier incident du genre mais le plus grave. Un Casque bleu a été blessé à la machette et un véhicule de l'Onuci a été incendié. La Côte d'Ivoire est toujours dans l'impasse.