«à l'heure actuelle, la situation est contenue et les services de sécurité font tout avec intelligence et fermeté pour éviter les dérapages et les chocs violents avec les émeutiers», a déclaré, hier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, dans une interview accordée à l'APS.Dressant un bilan actualisé des troubles ayant éclaté mercredi dernier puis fait tache d'huile dans la majorité des localités du pays, il a fait état de trois morts, de plus de 800 blessés, dont 736 policiers et 53 parmi les manifestants. Il a également confirmé le décès de trois jeunes à M'sila, Tipasa et Boumerdès. Il a réitéré les explications données samedi, à savoir que dans les deux premières wilayas les personnes décédées ont été retrouvées sans vie lors des émeutes et que des enquêtes sont en cours pour en déterminer les causes. A Tidjelabine (Boumerdès), la victime a été retrouvée calcinée dans un hôtel incendié par les émeutiers. Daho Ould Kablia avertira, concernant le bilan, contre toute information en dehors du circuit officiel et à laquelle il ne faut accorder aucun crédit. Cette information, a-t-il précisé, colportée par des organes de presse étrangers ou algériens, est «fausse et alarmiste». Si le bilan dans les rangs des services de sécurité est si élevé, ajoute-t-il, c'est parce que ces derniers ont payé le prix fort en tentant d'éviter tout dépassement et en bravant la dangerosité de la situation à laquelle ils étaient confrontés pour protéger les biens et les personnes. A la question de savoir si le gouvernement a vu venir ces manifestations et si manipulation il y a eu, le ministre a rétorqué en ces termes : «Ces manifestations violentes ont surpris par leur survenue et leur extension rapide dans différents quartiers des grandes villes et d'autres wilayas. On ne peut nier, à l'évidence, qu'on avait connaissance depuis peu de temps que le renchérissement des prix, souvent inexpliqué et artificiel, avait produit un impact négatif et suscité par conséquent une inquiétude au sein de toutes les couches, pas seulement les plus défavorisées constituant notre société. Cette hausse brusque et brutale des produits a coïncidé avec l'augmentation récente des salaires avec un effet rétroactif depuis 2008 décidée par les pouvoirs publics.» Le ministre de l'Intérieur cite également les récentes contestations suite à des opérations de relogement et estime que «ce qui s'est produit jeudi écoulé est de l'avis général sans relation avec ces aspects socio-économiques». Tout en tenant à souligner qu'«il ne s'agit point de manifestations auxquelles nous sommes habitués mais d'émeutes rassemblant un nombre plus ou moins important de jeunes». Le ministre a précisé que ces derniers «qui brûlent des pneus, pillent des biens privés, dégradent et saccagent des biens publics et agressent les services de sécurité par des jets de pierres, des cocktails Molotov et d'autres objets contendants ne constituent qu'une frange de la jeunesse». Quant à la prise en charge des revendications sociales de la jeunesse, le ministre dira : «Des mesures sans précédent sont prises par le gouvernement sous l'égide de monsieur le président de la République depuis une décennie pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens. D'autres mesures s'y ajouteront dans les prochains mois et les prochaines années pour la réduction du chômage, la réalisation de millions de logements et l'amélioration du cadre de vie. Les problèmes urgents seront solutionnés en priorité dans le cadre de la concertation la plus large y compris avec tous les jeunes qui sont, j'insiste sur le terme, nos enfants.» Daho Ould Kablia conclura en exprimant sa satisfaction que la population n'ait pas «encouragé» les émeutiers. M. C.