L'Agence nationale de l'emploi (Anem) et l'agence française Pôle Emploi ont signé, hier, un programme bilatéral sur l'assistance au projet d'élaboration de la Nomenclature algérienne des métiers et des emplois (Name). Il s'agit là essentiellement de la concession du droit d'utilisation par la première du Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) qui sert à identifier chaque offre et chaque demande d'emploi. Il est donc question d'élaborer ou de calquer, c'est selon, une base de données pour référencer et stratifier les différents acteurs et segments du monde du travail. Classer les fonctions par famille de métier, domaine professionnel, fiche métier et fiche de poste, en complément des intitulés dans les conventions collectives est une mesure simplificatrice qui pourrait se révéler déterminante dans la compréhension du secteur, l'établissement de statistiques cohérentes et, par là, l'élaboration d'une stratégie adéquate. Mais en termes de stratégie justement, des questions restent posées. D'abord, pourquoi le choix de Pôle Emploi ? Et qu'en est-il des spécificités du monde du travail algérien ? Pour le premier point, en termes de lutte contre le chômage, la France n'est pas un foudre de guerre. Son taux de chômage se situe dans la moyenne européenne avec des caractéristiques très éloignées de celles qui déterminent le marché du travail algérien, spécifiquement, et maghrébin en général. Par exemple, en France, ce sont les 55-64 ans qui souffrent le plus du manque de postes de travail. Les statistiques révèlent également que les ouvriers (dont les non-qualifiés) représentent la grande part des chômeurs. En Algérie et dans le Maghreb, c'est plutôt l'inverse. Ce sont les jeunes universitaires (souvent) qui peinent à trouver du travail. Une différence de taille en gardant à l'esprit les dissemblances d'organisation structurelle entre les secteurs économiques dans les deux régions du monde. Secundo, le chômage en Algérie et au Maghreb n'est pas dû obligatoirement à un déficit en dénomination des postes. Le mal est dans la dynamique économique et la rigueur dans la régulation du marché du travail, comme pour les autres secteurs d'ailleurs. Rien ne sert de nommer des postes que l'on ne peut offrir ou s'évertuer à trouver des appellations pour ceux qui n'apportent aucune valeur ajoutée. Le vrai challenge qui attend le pays, dans le secteur de l'emploi, est plutôt l'amorce d'une politique de création de richesses en adéquation avec la matière première disponible, en l'occurrence les demandeurs d'emploi, selon leurs qualifications et leurs aptitudes. L'autre défi étant de trouver une formule pour absorber (et non éradiquer) le travail informel qui représente, selon une étude réalisée en 2009 par le Forum des chefs d'entreprise, plus du tiers des personnes employées en Algérie. Au lieu de répertorier les métiers, mieux vaut donc lister les profils des demandeurs d'emploi. S. A.