Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a promis, dimanche dernier, la diffusion d'«un déluge» de documents secrets, au cas où son site de dénonciation resterait définitivement fermé. Dans un entretien exclusif dans l'émission «60 Minutes» de la chaîne de télévision CBS, Julian Assange a annoncé que son groupe avait «un système par lequel il pouvait diffuser des sauvegardes cryptées d'éléments qu'il n'avait pas encore publiés». «Il y a des sauvegardes distribuées parmi de très nombreuses personnes, environ 100 000, et tout ce dont nous avons besoin, c'est de leur donner une clé cryptée qui leur permettra de continuer», a-t-il souligné. M. Assange, qui fait actuellement l'objet d'une enquête criminelle sur la fuite de centaines de milliers de rapports et de dépêches diplomatiques, a précisé que cette clé ne serait distribuée qu'en dernier ressort. «Si un certain nombre de personnes étaient emprisonnées ou assassinées, là nous aurions le sentiment que nous ne pouvons pas poursuivre [la diffusion des documents], et d'autres personnes devraient prendre le relais [de notre action] et nous pourrions donner les clés», a-t-il ajouté. Concernant sa ou ses source(s) d'informations dans l'affaire du «Cablegate» et ses rapports avec Bradley Manning, le militaire américain accusé d'être à l'origine de la fuite des câbles, le fondateur de WikiLeaks affirme qu'il n'a jamais rencontré M. Manning bien que des conversations électroniques entre ce dernier et le hacker Adrian Lamo, publiées par le site Wired, suggèrent le contraire.Toutefois, selon des responsables militaires cités par NBC News, la justice américaine n'a jusqu'ici pas réussi à établir un lien définitif entre Assange et Manning, qui est actuellement détenu à la prison militaire de Quantico pour son implication dans la fuite. Ces responsables militaires affirment que si les preuves montrent «que Manning a téléchargé de manière supposément illégale des dizaines de milliers de documents sur son propre ordinateur et les a fournis à une personne non autorisée», il n'y a pas de trace d'interaction avec WikiLeaks ou Assange qui soutient qu'il ne connaît pas la source de la fuite. «Notre technologie ne fonctionne pas comme cela, notre organisation ne fonctionne pas comme cela. Je n'ai jamais entendu le nom de Bradley Manning avant qu'il apparaisse dans les médias», a-t-il affirmé.Interrogé au cours de l'émission «60 Minutes» sur sa promesse, en novembre dernier dans un entretien au magazine Forbes, de diffuser prochainement des informations qu'il détenait sur une grande banque américaine encore en activité et qui serait Bank of America, M. Assange a refusé de confirmer ou d'infirmer. Le New York Times a publié hier un livre électronique sur WikiLeaks, avec 27 nouveaux documents confidentiels, ainsi qu'un recueil de ceux que le journal a déjà publiés, un portrait de Julian Assange et plusieurs essais. Le livre, intitulé Open secrets : WikiLeaks, war and american diplomacy (secrets révélés : WikiLeaks, la guerre et la diplomatie américaines) raconte les relations houleuses du quotidien avec Julian Assange. Dans un message posté sur Twitter, WikiLeaks a toutefois reproché au New York Times de s'être livré à «une calomnie se donnant le beau rôle. Les faits sont faux du début à la fin. Jour sombre pour le journalisme américain».